20 avril > BD France

Il l’appelle "Mireilledarc" : pourquoi pas ? Il a beau l’avoir mise dans son lit, pour Seabearstein, cette jolie blonde experte en épigraphie latine relève aussi bien du fantasme. Elle est son amante et son modèle. Fille de chair et de papier ; ou plutôt de toile, car il est peintre. Il cherche à revisiter L’origine du monde de Courbet et se perd dans les affres de la création, aimanté par son modèle - peindre ou baiser ? - qui s’interroge sur sa réalité de femme et d’intellectuelle.

Passent une chatte qui transforme en agressivité son besoin non satisfait d’amour ; l’amie et confidente de Mireilledarc, qui répond au nom improbable de Protéïne ; ou encore Nosolo, un copain de Seabearstein, ainsi baptisé parce qu’il ne supporte pas de vivre seul. Dans Tu n’as rien à craindre de moi, Joann Sfar propose une variation sur l’amour, le sexe et leurs rapports avec la création artistique. Il traite d’amitié, de séduction, du rôle de l’intellect dans le commerce amoureux et, bien sûr, de religion.

L’ensemble est un peu décousu, mais c’est du Sfar pur jus : introspection et mise en abyme entre sexe, sentiments et philosophie. Le tout sur fond de Paris bobo : à peine esquissés, des grands magasins à Saint-Germain-des-Prés et à la Grande Mosquée, la capitale et son esprit imprègnent un album qui, comme toujours chez Sfar, séduit par le charme de ses personnages. A travers les yeux bleus de Mireilledarc, il rend un bel hommage à l’actrice éponyme. Fabrice Piault

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