JOURNALISME
« Les mots, déjà, hantaient ma tête », se souvient Sophie Brocas. Alors, parallèlement à ses études de droit, elle apprend le journalisme « avec les pieds », à Sud Ouest. Puis elle crée sa propre société de presse, et, journaliste indépendante, se rend, durant dix ans, sur tous les théâtres de guerres ou de luttes : Bosnie, Palestine, Cambodge, Amazonie... Ça marche bien pour elle, mais « la perspective d'augmenter chaque année mon chiffre d'affaires ne pouvait me tenir lieu d'idéal de vie », dit-elle. Elle veut du concret, du plus utile. Alors elle vend l'entreprise à un confrère et prépare le concours de l'ENA. En 1999, elle intègre la promotion Nelson Mandela.
PRÉFÈTE
À la sortie de l'ENA, Sophie Brocas choisit le corps préfectoral : « le plus beau métier de l'administration française ». Depuis 2001, elle a enchaîné les postes en province comme sous-préfète ou dans les cabinets ministériels : treize aventures et dix-neuf déménagements. « Une préfecture, c'est se rassembler autour des valeurs de la République. Et la République, c'est un combat collectif. C'est cela qui me tient. » Préfète depuis 2014, elle a été en poste à Paris, dans les Outre-mer, et est aujourd'hui préfète de la région Centre-Val de Loire, préfète du Loiret, à Orléans. « Une région somptueuse quoique trop discrète. » Sans regrets pour son ancienne vie, et avec le sentiment d'être utile.
ÉCRITURE
Très vite, l'écriture a manqué à la préfète. « Un manque quasi physique », confie-t-elle. Alors elle devient nègre pour une grande maison d'édition. Puis rencontre Betty Mialet et Bernard Barrault, qui la publient chez Julliard et sont toujours ses éditeurs. « J'ai adoré la liberté qu'offre la fiction et le travail de l'imagination qui autorise à explorer des mondes, des époques, des situations inconnus. » Écrire, c'est son « échappée belle », qu'elle pratique chaque dimanche. Et lorsqu'elle n'écrit pas, elle lit les autres : Tanguy Viel, Boualem Sansal, Mazarine Pingeot, ou son « maître », Pierre Lemaitre.
RACINES
« J'ai grandi dans les Landes, au bord de l'océan, entre un père cuisinier et une mère couturière. Autant dire que la table, le vin, les bandes d'amis, les fêtes de Dax, de Bayonne et de Pampelune, les fanfares, les corridas qu'on commente jusque tard dans la nuit, les bruyères d'été dans les pins, les plages à l'infini, la gentillesse et la simplicité des gens, me touchent et m'attachent. »
CAUSE DES FEMMES
« La route parcourue en cent ans à peine est considérable, reconnaît Sophie Brocas, mais nous ne sommes pas au bout du chemin. » Face aux violences faites aux femmes, aux agressions sexuelles, elle préconise « une approche globale du phénomène avec un investissement massif dans l'éducation des tout-petits pour ancrer l'exigence absolue de respect mutuel ». Peut-être la voix de la préfète portera-t-elle dans l'Hexagone. Mais elle n'oublie pas pour autant « les violences institutionnelles imposées aux femmes iraniennes, afghanes ». Cela, elle l'a vu quand elle était grand reporter.
Le lit clos
Mialet-Barrault
Tirage: 4 500 ex.
Prix: 21 € ; 336 p.
ISBN: 9782080469304