Les premières heures du Festival du Livre de Paris 2024 ont été le théâtre vendredi 12 avril de plusieurs débats et tables rondes animées par les équipes de Livres Hebdo à destination des professionnels de l’édition.
Présentation d’outils pour l’interprofession
Pendant qu’on essayait de définir le périmètre éditorial du Young Adult sur la scène Eiffel, deux outils à destination de l’interprofession en cours de développement étaient présentés en scène Suffren. Le projet Fileas du SNE, dont l’objectif est de fournir -aux auteurs notamment- une donnée de vente par livre et par jour, « à partir de 2025 », a déclaré Renaud Lefebvre, le directeur général du SNE, qui a reconnu que les discussions se poursuivaient encore entre les différentes parties pour définir les statuts de la structure à mission qui piloterait le projet et a confirmé qu’à ce stade, Amazon « n’en fait pas partie ».
L’autre projet est aussi attendu pour le début de l’année 2025 et porté par la FEDEI, la jeune Fédération des associations d’éditeurs indépendants. Baptisé Oplibris, cette interface numérique doit offrir à ces éditeurs des services pour « fluidifier le processus de fabrication des ouvrages », jusqu’à la vente. Les données récoltées permettront en outre de documenter cette partie du secteur qui reste jusqu’à présent sous les radars des instituts publics ou privés.
Livr’emploi donne le ton
Sur la scène de la Bourdonnais, le dynamisme de la filière s’est décliné sur le front de l’emploi. À la faveur de l’ouverture de la nouvelle plateforme de recherche d’emploi dans l’édition LivrEmploi, que l’ancien directeur du SNE Pierre Dutilleul a présenté au début des deux rencontres, les futurs cessionnaires de droit et les fabricants en herbe ont eu la chance de pouvoir écouter des figures de la profession autour de deux tables rondes. Pour les premières, une belle occasion de rappeler, anecdotes à l’appui (captivante histoire de la vente des droits à l’aveugle des Yeux de Mona (Albin Michel) à l’Espagne, dans l’Eurostar), comment les équipes de cession de droit, véritables petites entreprises au sein de grandes maisons, étaient capables d’émarger de façon remarquable en regard de la taille des équipes.
Pour les seconds, un métier de fabricant en tension, l’occasion également de démontrer à quel point il est important de ménager les chèvres et les choux, à répondre aux besoins de l’éditeur tout en repoussant les limites de l’imprimeur, à savoir répondre aux impératifs économiques, artistiques et, en vert et contre tout, écologiques.
L’IA, du pour et du contre
Sur la scène de l’Agora, la lecture poursuivait son effort de « Grande cause nationale » avec Régine Hatchondo, présidente du Centre national du livre, détaillait les résultats de l’étude préoccupante du CNL sur la lecture chez les jeunes. En compagnie de Michel Desmurget, docteur en neurosciences et auteur de La Fabrique du crétin digital (Seuil, 2019) et de Faites-les lire ! (Seuil, 2024) qui insistait sur l’importance d’expliquer aux parents les gains cognitifs de la lecture pour leurs enfants. Et de Clémentine Beauvais, autrice jeunesse, traductrice et enseignante, chercheuse à l'université de York qui vient de signer Comment jouir de la lecture (Alt, 2024). Renvoyant dos à dos l’approche élitiste et l’approche consumériste de la lecture pour proposer de s’interroger sur la richesse du texte, du point de vue…
La seconde table ronde la scène principale réunissait Stéphanie Ferran, directrice générale déléguée de Hachette Livres et Chantal Restivo-Alessi, vice-présidente Internationale d’Harper Collins en charge du digital, afin d’aborder les questions de « l’IA, la transition écologique et la modification des usages du livre ». Les deux dirigeantes s’accordaient sur la défense farouche du droit d’auteur face aux géants de la tech, qui n’interdit pas l’utilisation de l’IA, pour le marketing par exemple. Les deuxième et troisième groupe du monde convergeaient également dans leurs engagements pour la dépollution de la chaine du livre. Et refusent qu’on oppose trop frontalement le monde du livre et celui des nouvelles technologies. Stéphanie Ferran insistant sur la force des adaptations comme relais de croissance pour le livre. Et Chantal Restivo-Alessi sur le dynamisme du livre digital et du livre audio.