23 AOÛT - ROMAN France

Pas évident de se dire qu'on a des choses à dire ! Jean-Claude Perrier, collaborateur de longue date de Livres Hebdo, a cédé à la tentation. Bien lui en a pris. Après avoir beaucoup lu et beaucoup vu, il a considéré qu'il était temps de faire partager à d'autres son itinéraire de Voyageur de papier.

Jean-Claude Perrier- Photo DAVID IGNASZEWSKI/KOBOY/HÉLOÏSE D'ORMESSON

Cela a commencé par une admiration - cela commence toujours par une admiration... - avec les mercredis où il rencontrait Mandiargues, rue de Sévigné, à Paris, dans les années 1970. Puis ce furent d'autres auteurs, d'autres rencontres pour le jeune critique littéraire, professeur, animateur de revue et fou de textes.

Dans ce voyage pas si immobile que cela, on croise Simone Gallimard dans son cabriolet rouge, le poète désespéré Pierre Dalle Nogare, l'oublié Michel Jobert, avec qui Jean-Claude Perrier travailla, ou Malraux s'effondrant avec son long manteau après une conférence : "De loin, on aurait dit les oreilles d'un éléphant battant l'air." D'autres anecdotes surgissent : une soirée au théâtre au côté de Michèle Morgan, la visite chez un Sébastien Japrisot sérieusement imbibé, une autre chez Duras tout aussi sordide, etc. Et puis Gainsbourg, Michel Berger ou Véronique Sanson, au piano. Et encore Catherine Gide, les soirées avec Philippe Sollers et Françoise Verny, les éditeurs pas toujours très reluisants - pas de noms ici, vous les découvrirez vous-mêmes... - et l'Inde, les voyages en Inde, la littérature indienne, les rencontres dans ce deuxième continent intérieur après celui des lettres où le dieu Ganesh est souvent évoqué comme une efficace protection.

Jean-Claude Perrier nous invite aussi à visiter l'arrière-boutique, la vie privée d'un journaliste, éditeur et auteur d'une quinzaine d'ouvrages, quelqu'un qui vit de sa plume. C'est aussi une réflexion sur les livres : ceux qu'on a lus, ceux qu'on a écrits, ceux qu'on voudrait écrire, ceux qu'on n'aura jamais le temps d'écrire, etc. Voilà comment, à partir d'un grand-père sédentaire qui s'évadait sans doute avec Boréal de Paul-Emile Victor, on devient explorateur bibliophile. Ni rétro ni nostalgique. Mais toujours la même envie de lire. De partir. Un voyageur de papier. Donc un homme livre.

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