S’ils restent loin derrière les films (51% des internautes), la musique (50%) et les séries télévisées (46%), les livres numériques connaissent néanmoins une forte progression. Ils concernent désormais 25 % des internautes, contre 17 % en 2018. Mais leur consommation reste beaucoup moins intensive que celles d’autres bien culturels. Alors que 58 % des consommateurs de presse dématérialisés déclarent par exemple une utilisation quotidienne de ce service, seuls 22 % des utilisateurs de livres numériques déclarent lire quotidiennement sur un support dématérialisé.
Il est toutefois intéressant de noter la différence des résultats du baromètre Hadopi avec ceux du Baromètre des usages des livres numériques, des livres audio et des livres imprimés commandé par la Sofia, le SNE et la SGDL auprès de Médiamétrie dont Livres Hebdo a rendu compte en décembre dernier. Selon cette étude, 35 % des Français déclaraient avoir lu un livre numérique en octobre 2020, contre 25 % en janvier 2020. Si la dynamique constatée est la même, l’écart entre les deux baromètres laisse supposer d’importantes différences de méthodologie.
Consommation légale payante en hausse, tout comme les pratiques illicites
Autre enseignement de l’étude, la consommation légale payante s’installe durablement dans les usages. Le confinement a en effet été l’occasion pour les consommateurs illicites d’augmenter leur consommation sur les plateformes légales. Un tiers d’entre eux ont déclaré consommer davantage de manière légale qu’avant le confinement. Une fois n’est pas coutume, le livre numérique figure en tête des biens culturels dématérialisés pour lesquels les consommateurs paient pour accéder à au moins un produit. Ainsi, 53 % des lecteurs déclarent avoir déjà dépensé pour accéder à ce bien, et 12 % le consomment de manière exclusivement payante. Néanmoins, 66 % des lecteurs accèdent aux livres numériques principalement de façon gratuite, et 47 % de façon exclusivement gratuite.
Par ailleurs, la hausse de la consommation de biens culturels dématérialisés ne s’est pas accompagnée d’une réduction des pratiques illicites. Ces dernières ont même progressé pendant le premier confinement. L’Hadopi observait ainsi des pratiques illicites pour 21 % des internautes au début de la période en mars 2020 ; un taux qui est monté à 28 % lors de la 4e semaine de confinement. Le livre n’est pas le plus touché : en 2020, 18 % des consommateurs de biens culturels dématérialisés ont consommé de manière régulière (9 %) ou occasionnelle (9 %) des livres numériques. Le téléchargement direct est le premier mode d’accès des consommateurs illicites pour les livres.
L’étude révèle aussi la persistance des canaux traditionnels pour l’accès au livre numérique. Ainsi, l’utilisation d’une liseuse ne dispense pas une grande partie des lecteurs (53 %) d’avoir recours aux magasins physiques pour leurs achats. « La recommandation des professionnels experts pour ces biens pour lesquels l’offre de commerce de détail spécialisée reste très importante et est souvent assurée par des passionnés, semble ainsi conserver un rôle majeur dans la recommandation et la découverte de nouveaux contenus. A cela s’ajoute le fait que les gros lecteurs de livres numériques sont également le plus souvent de gros lecteurs de livres papier », détaille l’étude. Les discussions entre amis (42 %) et la presse (36 %) constituent les deux autres canaux de découverte majeure des livres numériques.
Enfin, il ressort de l’étude que les consommateurs de livres numériques sont à 53 % des femmes. Les Franciliens sont également surreprésentés (25 % des consommateurs alors qu’ils ne représentent que 16 % de la population française). De la même manière, 53 % des adeptes de livre numérique ont entre 15 et 39 ans alors que cette tranche d’âge ne représente que 41 % de la population.