Si la nouvelle – et quatrième en un a – ministre de l’Éducation nationale Elisabeth Borne a abandonné plusieurs mesures phares du « Choc des savoirs » de son prédécesseur rue de Grenelle Gabriel Attal, l’ancienne Première ministre n’a pas remis en cause l’évolution des programmes (lire ci-après), dont les éditeurs scolaires attendent toujours des clarifications.
« Aucune information ne nous a été donnée sur l’application des réformes de programmes et la labellisation, qui sont pourtant les deux gros sujets pour nous », déplore auprès de Livres Hebdo l’un d’entre eux.
« Stop-and-go permanent »
L’association des éditeurs scolaires ne souhaite pas s’exprimer dans l’attente d’un rendez-vous ces prochains jours au Ministère. Les éditeurs scolaires, habitués à des rétroplannings étalés sur plusieurs années, peinent à anticiper ces réformes annoncées depuis plus d’un an. « Je ne sais pas comment ils font pour prendre des décisions aujourd’hui, évoque un représentant de l’interprofession. À un moment donné, il faut bien qu’ils s’organisent, mais sans calendrier précis, c’est un vrai casse-tête », souligne-t-il.
Une situation qualifiée de « stop-and-go permanent », qui devient « un enfer » pour les éditeurs.
Les enseignants « dubitatifs » sur l’obligation d’obtention du brevet
L’une des contre-mesures annoncées par Elisabeth Borne est le retour de la non-obligation de l’obtention du brevet pour le passage en classes de seconde. De quoi imaginer à première vue un manque à gagner pour l’édition scolaire et parascolaire. Mais d’après l’un d’eux, les professionnels ne s’étaient pas engagés outre-mesure dans le marché. « Les enseignants étaient dubitatifs sur la faisabilité de cette mesure. Rien n’a été mis en œuvre de manière concrète ».
Il n’en reste pas moins que ces déclarations ministérielles ne font pas avancer la situation. « On assiste à une succession de reports et d’annonces floues », déplore le professionnel tandis que le représentant de l’interprofession plaide pour « un calendrier précis pour pouvoir avancer. Sans cela, on ne peut pas planifier efficacement ».
« Une ligne erratique »
Lors de son discours aux vœux du Syndicat national de l’édition le 9 janvier dernier, le président Vincent Montagne avait évoqué la situation rue de Grenelle : « Nous sommes inquiets en ce qui concerne l'Education nationale dont la ligne depuis plusieurs années est pour le moins erratique », avait-il déclaré. Au-delà du simple impact sur le marché de l’édition scolaire, « cette inconstance est mauvaise pour l’apprentissage de la lecture », avait-il conclu.