Cette semaine Mathilde a changé d'itinéraire quatre fois. Lundi, elle s'est rendue dans la librairie d'un musée, en milieu de semaine direction une librairie spécialisée, vendredi elle a donné un coup de main à une équipe en réception de cartons et samedi elle a terminé avec une librairie généraliste.
« Ça ? C'est le rythme de croisière normal pour une libraire volante ! » lance-t-elle joyeusement. Créée il y a dix ans, la structure Les Libraires Volants, dans laquelle travaille Mathilde, est née d'un constat simple. « Parfois on a besoin de souffler, d'un renfort pour une période chargée ou d'un remplacement de dernière minute. Or libraire est un métier qui nécessite des connaissances spécifiques. Nous proposons ainsi un service de remplacement avec des personnes qualifiées que ce soit pour un jour, une semaine ou plusieurs mois », explique Leslie Vega, la directrice.
Pour pouvoir bénéficier de ce service, il suffit d'adhérer tous les ans et de payer sur facture le nombre d'heures réalisées. « De notre côté, nous nous occupons des fiches de paie et de toute la partie employeur », complète Leslie Vega, qui embauche actuellement 9 à 10 libraires, en CDI ou CDD et qui exercent en Île-de-France avec des dizaines de structures, comme Les Mots à la bouche, la BnF Richelieu, Dalloz, L'arbre à lettres, L'école des loisirs ou encore la Librairie polonaise.
Polyvalence
En poste, les tâches sont multiples mais surtout, les manières de faire changent à chaque adresse. « Chaque adhérent a sa façon de casser un carton. Certains le découpent, d'autres le déchirent... j'en ai même vu qui utilisent une spatule ! C'est un tempérament, il faut être caméléon », glisse la directrice. Aux Mots à la bouche, Fenella témoigne : « Ça nous décharge et nous permet de mieux travailler ». Pour Mathilde, ce mode de travail nomade est aussi ce qui lui a permis de garder son métier. « On est nombreuses à arriver dans un moment où on se demande : "Est-ce que je suis encore capable d'exercer cette profession ?" ».
C'est après 15 ans de métier et un burn-out en 2024 qu'elle découvre l'association. Depuis, elle a navigué dans plus de 25 librairies, de Mantes-la-Jolie au XVIe arrondissement de Paris. « Mon affectation dépend de ma situation géographique, de plusieurs critères de compétences, comme les logiciels que je maîtrise, et de ma capacité à être en autonomie sur un site ». Parfois, des liens peuvent se nouer. Certains adhérents essaient même de débaucher les libraires volantes. Mais rien à faire : « Malgré tous les lieux où je suis allée, il n'y a aucun endroit autre que Les Libraires Volants où j'aurais envie de postuler ! »
