C’est un débat qui n’aura pas lieu dans l’hémicycle mais néanmoins à l’Assemblée nationale. Autour de la table, des représentants d’artistes de différents horizons, et des députés de différents partis. L'objectif ? Trouver une voie politique à la création d’un statut d’artiste pour permettre la continuité des revenus de ces derniers. À l’initiative de la rencontre prévue ce mercredi 14 février, on retrouve le député GDR des Bouches-du-Rhône Pierre Dharréville. Il avait déposé une proposition de loi en ce sens lors de son précédent mandat et souhaite la reproposer prochainement. Il s’en explique à Livres Hebdo.
Livres Hebdo : Vous vous penchez sur les métiers d’artistes-créateurs afin de faire évoluer leur statut. Quelle est votre approche ?
Pierre Dharréville : Nous travaillons depuis plusieurs mois maintenant avec des organisations d’artistes de tout domaine pour essayer de trouver une meilleure reconnaissance de leur travail, avec une meilleure protection sociale. Un des sujets qui restent aujourd'hui un impensé, c'est celui de leurs revenus de remplacement et donc de la continuité de leurs revenus entre deux travaux. On voit bien qu’il y a un certain nombre d'artistes auteurs qui se retrouvent quand même régulièrement dans des difficultés importantes pour subvenir à leurs besoins et même continuer à créer. Or, il n'y a pas de création sans eux. Je pense qu’il faut ainsi mieux prendre leur travail en considération.
« Réfléchir à la façon dont on dégage des ressources »
Est-ce que vous imaginez un statut d’intermittent pour l’ensemble des artistes ?
Il y a une forme de voisinage avec ce régime de l'intermittence. On n'est pas tout à fait dans la même configuration. Il faut sans doute regarder comment il est possible de quantifier les choses pour calculer des droits. Et puis il y a une bataille à mener pour faire rentrer les artistes auteurs dans un mécanisme à la fois de contribution mais aussi de solidarité plus globale. Donc c'est une question qui n'est pas simple parce qu’en réalité il va bien falloir réfléchir à la façon dont on dégage des ressources pour faire face à ces enjeux. C'est une question qui monte parmi les artistes auteurs eux-mêmes, mais aussi plus généralement dans le monde de la culture.
« Le droit d’auteur rémunère le patrimoine, pas le travail »
Est-ce que selon vous cela passe par une adaptation du régime des droits d’auteur ?
Non. On peut discuter de la rémunération des auteurs, mais en réalité ce n'est pas leur travail qui est rémunéré à travers le droit d'auteur, c'est le patrimoine qu’ils créent. Mais on n’en est pas là car la proposition que nous faisons, on en est bien conscient, ne couvre pas l'ensemble du champ de la problématique de la reconnaissance des artistes auteurs et de leur statut. Mais je pense qu'elle peut ouvrir la voie à une réflexion peut-être plus large. En tout cas notre ambition, c'est de répondre à un besoin concret : celui de la discontinuité de revenus qui est la leur et de cette précarité de revenus qui est la leur. Quelque part, je pense qu’intégrer cette dimension dans le système actuel, c'est une forme de reconnaissance du travail. À l'heure où émerge l'intelligence artificielle dont on nous dit qu'elle pourrait, dans le domaine de l'information et de la création, remplacer l'intelligence et le travail humain, il me semble opportun d’essayer de sécuriser la création humaine.