Lors de la première rencontre, mardi 22 août au soir à la librairie One Way, Philippe Picquier devait évoquer "les grands écrivains chinois vus de la France" en compagnie de l'ancienne agente et désormais éditrice Chen Feng, éditrice en chef adjointe au sein de l'entreprise privée d'édition Thinkingdom, devenue l'actionnaire majoritaire des éditions Philippe Picquier en juin 2016, et du critique littéraire Li Jingze, vice-président de l'Association nationale des écrivains.
Devant une cinquantaine d'éditeurs, de traducteurs et d'étudiants, et en présence du grand écrivain Yan Lianke, qu'il a édité en France, l'éditeur français a analysé les trois phases de l'introduction de la littérature chinoise en France, le rôle majeur des traducteurs et en particulier celui qu'a joué dans les vingt-cinq dernières années la traductrice Sylvie Gentil, brutalement décédée en mars dernier, ainsi que les ventes, que Philippe Picquier a vu monter à force de ténacité et d'un suivi des auteurs sur la durée. Les particularités de la littérature chinoise par rapport aux littératures japonaise ou coréenne, la difficulté de certains auteurs chinois à se trouver brusquement projetés sur le marché de la littérature internationale, et d'être comparés, ont également été débattues.
"Une littérature de stylistes"
Le lendemain après-midi, également devant une cinquantaine de professionnels du livre chinois, mais dans le cadre moins chaleureux de la BIBF, Philippe Picquier et la professeure et traductrice Che Lin, doyenne du Département de français à l'Université des langues étrangères de Pékin, ont porté des regards croisés sur la littérature française en Chine et la littérature chinoise en France.
"Quand Mo Yan a été traduit pour la première fois, cela n'a pas marché tout de suite", a rappelé l'éditeur français car "on attendait de la Chine quelque chose de plus exotique. Puis, poursuit-il, il y a eu une nouvelle vague d'auteurs, Mo Yan a obtenu le prix Nobel et ce mouvement a permis de faire comprendre que nous avions affaire, avec la littérature chinoise, à une littérature de stlylistes".
De son côté, chargé de conclure la rencontre, Zhu Mu pouvait témoigner par son expérience personnelle de la passion suscitée en Chine par la littérature française: membre de l'Association de recherche sur la littérature française, il l'aime tant qu'il collectionne les traductions du chinois vers le français.