Après des études à l'Institut nationale des langues et civilisations orientales (Inalco), à Paris, puis pendant deux ans à l'université Beida, à Pékin, en 1980-1982, Sylvie Gentil s'installe dans la capitale chinoise à partir de 1985 où elle enchaîne d'abord les petits boulots : traductrice de sous-titres pour le cinéma chinois, correctrice pour une publication de propagande en français, assistante au centre culturel français...
D'abord la littérature
C'est cependant la littérature qui l'intéresse et, en 1990, avec Pascale Wei-Guinot, elle traduit Le clan du Sorgho (Actes Sud), premier roman traduit en français de Mo Yan, dont elle traduira aussi en 1995 Les treize pas (Seuil). Seule traductrice durablement installée en Chine, pendant plus de trente ans, elle enchaînera avec, entre autres, des œuvres de Xu Xing (Le crabe à lunettes, Julliard 1992 ; Variations sans thème, Et tout ce qui reste est pour toi, L'Olivier 2003), Mian Mian (Les bonbons chinois, L'Olivier 2001), Tian Yuan (La forêt zèbre, L'Olivier 2004), Liu Suola (La grande île des tortues cochon, Seuil 2006), Feng Tang (Qiu comme l'automne, Une fille pour mes 18 ans, L'Olivier 2007 et 2009) et Yian Lianke (Bons baisers de Lénine, Picquier 2009 ; Les quatre livres, Picquier 2012 ; Les chroniques de Zhalie, Picquier 2015) ou Li Er (Le jeu du plus fin, Picquier 2016).
Les deux dernières traductions de Sylvie Gentil, l'essai A la découverte du roman et Un chant céleste, tous deux de Yian Lianke, sont parues chez Picquier le 2 mars dernier, moins de deux mois avant sa mort.
En février 2004, dans la perspective du Salon du livre de Paris, dont la Chine était l'invitée d'honneur, Sylvie Gentil avait brillament décrit pour Livres Hebdo (n°544, du 13 février 2004, pp. 68-70) l'apparition dans les cinq années précédentes de la nouvelle génération d'écrivains chinois qui renouvelait profondément la création littéraire en balançant entre l'autofiction désabusée et une critique sociale plus radicale.