Le Seuil a réussi un joli coup la semaine dernière, en décrochant la couverture de L’Obs et celle de Libération pour le dernier essai d’Emmanuel Todd, qui s’est attiré une tribune-réponse courroucée du premier ministre Manuel Valls dans Le Monde. Ainsi adoubé, et porté par son analyse furieusement non consensuelle des motivations inavouées de la France manifestante du 11 janvier, le livre a soulevé une polémique immédiate et les ventes ont suivi. D’abord tiré à 25 000 exemplaires, Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse en est maintenant à 60 000 exemplaires après trois réimpressions. D’une lecture souvent stimulante, parfois irritante, l’essai affirme, cartes et statistiques à l’appui, que les défenseurs revendiqués de la liberté d’expression, apparemment généreux, ouverts et tolérants, trimbalent en fait avec eux les résidus d’un catholicisme mort qu’ils ne pratiquent plus mais qui les nourrit toujours de ses structures profondes et inégalitaires. Au nom d’un paradoxal devoir du blasphème, ces vieux cathos zombies et déboussolés s’en prendraient sournoisement à la religion des dominés, l’islam. Ce que dit Emmanuel Todd "n’est pas scandaleux, c’est tout simplement faux", répond, dans son édition du 6 mai, le principal intéressé, Charlie Hebdo. H. H.

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