Au fur et à mesure des rénovations dans son réseau, le bureau des bibliothèques et de la lecture de la Ville de Paris supprime les discothèques des établissements les plus petits. Un choix motivé par la chute du nombre d’abonnés au forfait CD, - 61 % entre 2007 et 2013, et par la faible activité des discothèques supprimées (moins de 15 emprunteurs par jour). "Les surfaces récupérées sont utilisées pour créer des places assises et des espaces de convivialité, plaide Marie-Noëlle Villedieu, chef du bureau des bibliothèques. Nous voulons concentrer la musique dans quelques grands pôles où l’activité reste soutenue."
La situation est en effet contrastée : moins nombreux qu’auparavant, les utilisateurs des discothèques sont en revanche très actifs puisque, s’ils représentent 4,5 % des inscrits des bibliothèques parisiennes, ils totalisent 15,6 % des emprunts. Le bureau des bibliothèques affirme avoir entamé une réflexion sur la place de la musique, notament sous forme numérique ou par des actions culturelles, et annonce le lancement d’une étude dont les résultats seront connus à la rentrée. En attendant, la place de la musique dans les futurs équipements reflète une certaine indécision : la médiathèque Françoise-Sagan aura bien un fonds de CD, mais très réduit (8 000 documents) pour un établissement de sa taille (3 200 m2), tandis que la médiathèque de la Canopée, attenante au centre culturel Hip-hop, ne proposera à son ouverture en 2015 que 800 titres, uniquement de rap, ainsi qu’une borne d’écoute.
Mozart payant, Victor Hugo gratuit.
L’une des préconisations du rapport de 2012 réalisé par un groupe de discothécaires parisiens était la suppression de l’abonnement payant : le forfait CD coûte 30,50 euros par an, ou 61 euros pour les CD et les DVD, tandis que le prêt des documents imprimés est gratuit. Une revendication reprise aujourd’hui par le syndicat Supap-FSU qui appelle le personnel à une assemblée générale le 15 mai et qui déplore qu’à Paris "Victor Hugo [soit] gratuit mais Mozart payant". "La grille tarifaire actuelle n’est plus adaptée, reconnaît Marie-Noëlle Villedieu. Nous allons faire une proposition qui sera soumise au Conseil de Paris, car cette question relève d’une décision politique, pas administrative."Véronique Heurtematte