Le slogan "Pas d'auteurs, pas de livres" a longuement retenti, dans l'après-midi du samedi 21 mars, dans les allées du Salon du livre de Paris, au rythme de crécelles, maracas et tambourins. La manifestation des auteurs initiée par le Conseil permanent des écrivains (CPE) a réuni près de 200 d'entre eux, badgés, armés de tracts, banderoles et pancartes où était repris le slogan de l'opération.
En première ligne figuraient Vincent Monadé, président du Centre national du livre, et la romancière Valentine Goby, présidente du CPE. Dans le cortège, on pouvait notamment apercevoir Céline Minard, Camille Laurens, Belinda Cannone, Céline Curiol, Francois Taillandier, Sorj Chalandon, Matthieu Gabella, Benoit Peeters ou Xavier Dorison. Contrairement à ce qui s'était passé lors de la dernière marche des auteurs, fin janvier lors du Festival de la bande dessinée d'Angoulême, les têtes d'affiches en dédicaces n'ont pas posé leur stylo pour se joindre à la troupe.
Accueillis par Vincent Montagne, président du SNE et du Salon du livre, sous l'oeil bienveillant de Bertrand Morisset, commissaire général de la manifestation, les auteurs en colère de sont dirigés dans un même mouvement à travers le hall du Parc des expositions, jusqu'à la Scène des auteurs, ou Valentine Goby a pris la parole pour rappeler les revendications des écrivains français, exposées dans la lettre ouverte diffusée mardi 17 mars par le CPE, destinée à sensibiliser l'opinion sur la précarité du métier d'écrivain et qui a déjà réuni plus de 1740 signatures.
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"Pourquoi l'auteur perçoit-il la part la plus faible de toute la chaîne éditoriale ?", a demandé d'une voix forte Valentine Goby, lauréate du prix des Libraires 2014 pour Kinderzimmer (Actes Sud), sous les applaudissements et les sifflets de l'auditoire. L'écrivaine a appelé à un "rééquilibrage du partage de la valeur du livre en faveur de son auteur", avant d'enchainer sur les incertitudes sociales avec lesquelles vivent les auteurs pour ce qui concerne leur santé et leur retraite. Enfin, elle a évoqué la menace qui pèse sur le droit d'auteur en Europe. Bruxelles "défend des objectifs incompatibles avec les spécificités économiques et culturelles de chaque pays", estime-t-elle en qualifiant le rapport Reda d'"alarmant" et la TVA numérique à 20 % d'"absurde".
"Les grands acteurs d'Internet refusent toute responsabilité face au problème du piratage des livres", a aussi déploré Valentine Goby. La présidente du CPE a enfin considéré que "le métier d'auteur est en péril" et que "le livre est en péril", soulevant encore une fois les applaudissements des manifestants, qui ont à nouveau scandé leur slogan fétiche : "Pas d'auteurs, pas de livres".