Matisse n'est pas Picasso. Le faune andalou domine l'art du XX^e siècle, rejetant dans la pénombre ses confrères. Une injustice que vient réparer Claudine Grammont, matissologue et directrice d'un « Bouquin » qui rassemble les contributions de 25 auteurs. L'ouvrage se veut un « dictionnaire raisonné », des Abeilles à Zulma, deux œuvres tardives de l'artiste, en 900 notices, 550 pour les noms, 280 pour les œuvres, 130 pour les concepts. Il se veut aussi un travail scientifique, avec sa chronologie des œuvres, ses index, et sa bibliographie exhaustive. De quoi « réexposer » Matisse en France, où il manque de visibilité, au contraire des Etats-Unis.

Son milieu bourgeois, son existence (1869-1954) sans histoire, la conception de son art aussi, qu'il souhaitait « d'équilibre, de pureté, de tranquillité », l'ont desservi. Rien de moins « convulsif » que cette beauté-là. Des tableaux académiques de ses débuts jusqu'aux « décoratifs » papiers découpés de la fin, il a traversé tous les styles, toutes les modernités, demeurant fidèle à lui-même. Henri Matisse est le deuxième artiste contemporain à entrer dans la collection « Bouquins ». Le premier, avec son Dictionnaire signé Pierre Daix, fut Pablo Picasso.