LH: Pourquoi l'écologie ?
M. M : L’écologie est un sujet d’actualité permanent. Il ne se passe pas un jour sans que les médias attirent notre attention sur de nouvelles catastrophes, des mesures urgentes à prendre, des décisions gouvernementales… Nous sommes tous impliqués dans cette prise de conscience, il s’agit de notre planète, de la survie de son éco-système et de l’humanité ! Le choix de ce sujet a été fait, d’un commun accord, par les membres de l’association l’Eiris.
LH: Pouvez nous nous parler du programme de cette journée ?
M. M : La journée a pour objectif de montrer comment, par leur graphisme original, leur humour et leur sensibilité (idéologique et émotionnelle), des dessinateurs expriment, dans la presse, leur point de vue sur le sujet. Jean-Claude Gardes et Alain Deligne, en début de matinée, donneront un aperçu du traitement du sujet depuis le XIXe siècle. Jacky Houdré, collectionneur, expliquera comment les dessinateurs du journal La Gueule ouverte, dans les années 1970, ont balayé, avec l’acuité de visionnaires, tous les aspects du problème dont on parle aujourd’hui avec inquiétude. Margarethe Potocki s’attachera à montrer comme il est délicat d’aborder ce sujet, dans un pays à régime totalitaire comme l’Iran.
Quant aux dessinateurs invités, ils ont tous une véritable sensibilité à l’écologie et s’expriment depuis longtemps sur le sujet. Alain Dubouillon (Le Progrès) pointe, avec un humour tendre et optimiste, les contradictions décisionnelles, essayant de trouver des solutions pour sortir de l’ornière. Trax (Le Ravi) a eu plusieurs vies avant de se consacrer au dessin. Elle dénonce, par un humour souvent grinçant, la surconsommation et le gaspillage éhonté. Robert Rousso, le plus âgé des trois, a vécu toute sa jeunesse en contact étroit avec la nature. Il a travaillé à l’Inra, en tant que dessinateur et s’interroge sur la distance entre ceux qui aiment la nature et ceux qui en parlent. Ses dessins reflètent ces discordances.
A la fin de la journée, les dessinateurs se rendront à l’Ecole Estienne pour participer au jury du Trophée Presse Citron BNF. Il s’agit d’un concours de dessin de presse ouvert aux étudiants des écoles d’art et créé en 1993 par Luce Mondor. La remise du prix se fait en alternance à la Mairie du 13e à Paris et à la BNF, site François Mitterrand. Cette année, la manifestation aura lieu à la Mairie avec une grande nouveauté : l’ouverture du concours à l’international.
LH: Comment le traitement de l'écologie dans le dessin de presse a-t-il évolué ?
M. M : Les dessinateurs de presse sont des journalistes qui s’expriment par le dessin. Ils informent sur les actualités et les commentent à leurs manières, usant d’astuces graphiques. Les actions relatives à l’écologie, dans le cadre gouvernemental (COP, ministère de l’environnement, lois antipollution, règlementation pour la circulation, l’énergie,…) et associatif, se multipliant actuellement, les dessinateurs de presse sont amenés à traiter de plus en plus souvent d'écologie. C’est un thème fédérateur, présenté dans de nombreuses expositions, aussi bien dans les festivals de dessin de presse que par des entreprises publiques comme Eau de Paris (2014). Mais aussi, un sujet chasse l’autre. Le nombre d’événements sensibles aujourd’hui, parfois, pour certains, très anecdotiques, masque l’importance récurrente de ce thème.