Après quelques années de réticence de la part de certains professionnels qui le jugeaient un peu "mauvais genre", le manga prend désormais ses lettres de noblesse en bibliothèque. Jusque-là, l'objectif était surtout de faire venir et de fidéliser un public adolescent à l'âge où il a tendance à se détourner des bibliothèques, c'est désormais celui de faire connaître un phénomène culturel dans toute sa diversité et son originalité qui anime les professionnels. "On n'est plus dans un discours de réponse à la demande et de seule consommation des biens culturels, écrit Anne Baudot dans un article récent du BBF (1), mais bien dans une posture professionnelle qui renvoie aux missions fondamentales de lecture publique." En ce mois de février, deux grandes manifestations témoignent de cet engouement pour les mangas : l'une à la BPI, à Paris, l'autre à la bibliothèque André-Malraux de Béziers, primée par le grand prix Livres Hebdo des bibliothèques en 2010, justement pour son animation autour du manga (2).
Du 4 au 26 février, à Béziers, le festival annuel Mangamania va animer tout l'établissement : une exposition didactique, des auteurs (Vanyda, Miya, l'équipe de Dreamland...), des ateliers, des dédicaces, un "défi dessin", des tournois de jeux vidéo et même de terribles combats de sumo... "Lorsque nous avons lancé cette manifestation en 2010, explique la directrice Evelyne Didier, le pari était de montrer aux néophytes l'étendue du champ manga, tout en contentant le public aguerri." Pari tenu, la manifestation est désormais un événement annuel.
De son côté, la BPI propose du 8 au 28 février, en coproduction avec le Manga Café, un espace de lecture ludique avec 2 500 mangas. Une gigantesque fresque, réalisée par l'auteure Kaori Yoshikawa, permettra de s'aventurer dans les planches des livres. Et pour prolonger l'expérience, la BPI propose deux types d'ateliers : "Dessine-moi un manga" et "Création d'un jeu vidéo sur une thématique manga".
(1) Anne Baudot, directrice du Pôle de la lecture et de l'écrit à Echirolles, est l'auteure d'un mémoire pour le diplôme de conservateur à l'Enssib : Les "mauvais genres" dans les bibliothèques publiques : l'exemple du manga.
(2) Voir LH 844 du 3.12.2010, p. 12.