À 30 ans, Lorraine Selle-Delavaud lance La Meute, maison d’édition indépendante et féministe. La structure a vu le jour de la nécessité de « publier des textes engagés dans un catalogue cohérent ». Les deux premières parutions sont programmées pour le 6 mars.
« La Meute symbolise la force du collectif »
Le nom de la maison n'a pas été choisi au hasard : « Il symbolise la force du collectif, l'esprit de meute qui doit changer de camp », explique son éditrice. Une référence assumée à l’affaire de « La Manada », au cours de laquelle la justice espagnole avait requalifié une agression sexuelle en abus sexuel, et où le slogan « La Meute, c’est nous » avait été récupéré par les mouvements de contestation féministes par opposition aux hommes accusés.
La Meute n’édite que des femmes, une volonté assumée de l’éditrice qui souhaite mettre en valeur leur parole, notamment sur les thématiques du post #MeToo. « Je voulais apporter du sang neuf, c’est une maison anti-ringardise, tournée vers l’avenir », explique cette dernière. Parmi la vingtaine d’autrices que compte la maison figurent aussi bien des françaises que des étrangères.
Lorraine Selle-Delavaud a acheté de nombreux textes à l’étranger. Parmi les projets à venir, on retrouve When Angels Speak of Love de Bell Hooks, White Tears / Brown Scars de Ruby Hamad, ou encore un livre de cuisine de Maya Angelou, La Vie Exquise. Ce choix de diversité se reflète aussi dans les types de textes publiés : essais sociologiques, romans ; en tout, l’éditrice programme 15 parutions sur l’année.
La Collection « Permis de déconstruire »
En même temps que la maison d’édition, une première collection intitulée « Permis de déconstruire » voit le jour, destinée aux lecteurs et lectrices qui n'auraient pas encore été sensibilisés aux enjeux féministes.

Avec un format court (moins de 100 pages), les livres, vendus à petits prix, sont prêts à offrir (stickers, couverture rabattable). Chaque ouvrage est conçu pour déconstruire des phrases types souvent brandies par opposition au féminisme contemporain.
Les premiers titres, à paraître le 6 mars, s'attaquent à des thèmes comme le hashtag #NotAllMen avec Pas tous les hommes quand même ! de la journaliste Giulia Foïs ou encore le fardeau judiciaire des victimes de violences sexistes et sexuelles avec Il faut faire confiance à la justice, de l’avocate féministe Élodie Tuaillon-Hibon.
« Féministe tant qu’il le faudra »
Face à la recrudescence d'essais militants Lorraine Selle-Delavaud répond : « Dans une société où chaque année, 210 000 femmes subissent des violences sexuelles, il y a encore et toujours besoin de revendiquer l’égalité et de dénoncer les injustices ». L'éditrice entend faire de La Meute un relais pour « les féministes fatiguées » et un catalyseur de changements sociétaux. Ainsi, elle conclut : « Féministe tant qu’il le faudra. ».
L’éditrice annonce des premiers tirages à 5 000 exemplaires par titre. La maison est distribuée par la Sodis et diffusée par le CDE.