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Les enjeux du SNE pour 2022

Vincent Montagne, président du Syndicat national de l'édition, lors des ses voeux. - Photo Capture d'écran

Les enjeux du SNE pour 2022

Dans ses vœux diffusés sur Youtube, Vincent Montagne, président du Syndicat national de l'édition (SNE), a fait le point sur les enjeux et défis qui attendent le monde du livre cette année. Denis Mollat, président du Cercle de la librairie, et Antoine Gallimard, président du Bureau international de l'édition française (Bief) ont également présenté leurs vœux pour 2022.

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Par Cécilia Lacour
Créé le 12.01.2022 à 18h29 ,
Mis à jour le 14.01.2022 à 11h46

L’année 2021 a été "riche en avancées et en motifs de réjouissance", salue Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition (SNE), dans ses vœux présentés conjointement avec Denis Mollat, président du Cercle de la librairie (maison mère d’Electre, société éditrice de Livres Hebdo), dans une vidéo diffusée sur YouTube. Denis Mollat rappelle les investissements réalisés sur la base Electre Data Services, "une base puissante, une base évolutive qui permettra de construire de nouveaux outils comme le souhaitera l'interprofession pour pouvoir faciliter le travail des éditeurs, des bibliothécaires et des libraires."

Mais, si 2021 se referme également sur une embellie économique selon les chiffres communiqués par le SNE, cette nouvelle année apporte avec elle son lot d’inquiétudes et de chantiers à mener. Au premier rang des inquiétudes pour le SNE : le rachat programmé du groupe Lagardère par Vivendi et l'éventuel rapprochement de leur filiale respective, Hachette Livre et Editis. Vincent Montagne rappelle que l’équilibre du secteur est notamment fondé "sur le développement d’une concurrence équilibrée et saine entre les maisons qui garantit la diversité culturelle, la diversité des catalogues et des collections, la pluralité de la pensée et des idées". Un équilibre susceptible d’être menacé par l'acquisition de Lagardère, prévue en février.

Alors que le SNE s’est alarmé le 4 janvier dernier sur cette situation, tout comme un collectif d’auteurs signataires d’une tribune dans Le Monde, Vincent Montagne souligne de nouveau la menace de ce rapprochement qui, "s’il aboutissait, conduirait indéniablement à un mouvement de concentration sans précédent dans notre secteur". "Il faut veiller à ne pas tomber dans un excès d’obésité qui serait une entrave à la diversité culturelle et éditoriale dans notre pays", prévient-il.

Dialogue avec les auteurs

Parmi les principaux chantiers à mener cette année : la poursuite d’un "dialogue juste" avec tous les acteurs de la chaîne du livre, et avec les représentants des auteurs en particulier. "Il faut que 2022 soit une année de décision", affirme Vincent Montagne.

"Les éditeurs proposent des avancées majeures notamment en matière de reddition des comptes semestrielle, assortie du versement de la rémunération des auteurs", déclare-t-il. La communication des "informations relatives à toute la vie d’un livre" et autour des fins de contrats sont aussi des pistes avancées par les éditeurs. "Ce sont des avancées très significatives que les auteurs souhaitent depuis plusieurs années, souligne le président du SNE. Leur mise en œuvre ne sera pas simple, mais nous nous engageons et nous nous donnerons les moyens pour y arriver."

Par ailleurs, il s’oppose au principe d’une "création administrée", tout en rappelant la position de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur le sujet lors du débat sur le budget de la culture à l’Assemblée nationale. Il rejette le principe d’une rémunération basée sur le temps de travail, avec des commandes passées par des maisons d’édition. Selon lui, "la création est et doit rester libre et plurielle".

Violences, directeurs de collections, webinaires...

D’autres enjeux attendent le SNE cette année dont celui concernant les droits d’auteur, la liberté d’expression et de publication "mises à mal dans de nombreux pays". Vincent Montagne ajoute la prise en compte d’enjeux sociaux et sociétaux "notamment avec la mise en place d’actions très concrètes pour lutter contre les violences sexistes ou sexuelles dans l’édition". Le SNE avait manifesté, en mai dernier, sa volonté de prévenir et détecter les risques de harcèlement et de violences sexistes et sexuelles à travers une consultation menée avec ses partenaires sociaux. Pour rappel, plus de huit professionnels sur dix ont déjà été témoins d’agissement sexiste ou sexuel sur leur lieu de travail et six personnes sur dix en ont été victimes, selon une large consultation menée en juillet dernier par LH Le Magazine et Ipsos.

Parmi les dossiers juridiques en attente de résolution : celui des directeurs de collections. En mai 2017, l’Association pour la gestion de la sécurité sociale des auteurs (Agessa) a décidé d’exclure les directeurs de collection du régime des droits d’auteur. Un décret d’août 2020, entré en vigueur le 1er janvier 2021, permet désormais la rémunération d’un directeur de collection en droit d’auteurs si la collection est originale. Le SNE attend une instruction ministérielle pour préciser "les lignes directrices qui devront permettre à l’Urssaf d’apprécier l’originalité d’une collection et définir les éléments permettant d’apporter la preuve d’un lien entre le directeur de collection et la collection elle-même", comme l’indique son rapport d’activité "L’édition en perspective 2020-2021" publié en juin dernier.

Le président du SNE annonce également sa volonté de "mieux associer et informer nos adhérents, y compris et surtout en région", à travers la mise en place de webinaires dès le mois de janvier. "Une heure d’échange privilégié en visioconférence" pour répondre ou approfondir un sujet de fond ou d’actualité.

Enfin, si le confinement a permis de "gagner de nouveaux lecteurs", il faut "revitaliser la relation qu’entretiennent nos lecteurs avec le livre", affirme Vincent Montagne, évoquant alors la nouvelle formule du Festival du livre de Paris, organisé désormais par le syndiccat, et qui se tiendra du 21 au 24 avril au Grand Palais éphémère.

Les voeux d’Antoine Gallimard, président du Bureau international de l’édition française (Bief)

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