Résolument pratique, ce séminaire invite trois éditeurs à présenter leurs marchés respectifs et surtout les clés pour travailler avec leur pays. Ainsis pour intéresser un éditeur polonais, Joana Maciuk, la responsable du département étranger de Proszynski Media, demande à l'auteur étranger de participer à la promotion du livre. Se doutant que la venue de l’écrivain n’est pas toujours possible, elle demande un effort sur les réseaux sociaux "au minimum" tandis qu'une vidéo pour les lecteurs polonais est appréciée. "Pas grand chose, une phrase filmée à l’iPhone, genre : bonjour aux lecteurs polonais ! "
Pas de livres de guerre
Pour le piquant directeur éditorial de Polirom, Bogdan Stanescu, "difficile de dire ce qui va marcher, mais je peux vous assurer l’échec de certains titres". Ce qui ne marche pas en Roumanie : les livres sur la guerre, les nouvelles et les livres de plus de 500 pages s’ils ne sont pas des classiques russes. Il constate une progression des ventes de non fiction, tout ce qui concerne l’"histoire universelle" ainsi que la jeunesse avec l’explosion du young adult. La BD commence à percer via Persepolis et Watchmen. La meilleure vente de 2017 est le livre de Yuval Noah Harrari suivi des livres de stars mais aussi les prix Nobel, qui ont un énorme impact en Roumanie.
Irina Prokharova, de New Literary Observer, décrit quant à elle un marché russe dynamique en termes de traductions. Si les livres anglais restent les plus traduits, ils sont suivis des textes français, puis allemands "en raison notamment du dynamisme de leur pays, qui aident via l’ambassade à la traduction".
Un spotify pour l'édition?
C’est l’ensemble d’interventions sur les modèles de l’abonnement, qui a le plus intéressé le public. Un marché en plein boom principalement dans les pays où le livre audio est bien implanté. Le consultant Huw Alexander a rappelé que le marché de l’abonnement numérique musical principalement mais aussi pour des livres a doublé aux Etats-Unis ses cinq dernières années et représente 2,6 milliards de dollars (2,3 milliard d’euros) aujourd’hui. Il rêve d’un "spotify pour l’édition" à condition d’être extrêmement vigilant sur les contrats de cession. Il rappelle que le principal intérêt de ce type de débouché est de faire vivre le fonds.
Pour Nathan Hull, directeur commercial de BookChoice au Pays-Bas, il est crucial que le prix de l’abonnement soit bas et que l’accès soit possible via le smartphone comme l’ordinateur. Sur sa plateforme, il propose 8 titres par mois, aussi bien des ebooks et que des livres audio et dispose dans son catalogue d’auteurs comme Kazuo Ishiguro, Philip Pullman, Sebastian Barry, John le Carré ou Karin Slaughter.
La peur de la cannibalisation du lectorat freine toujours de nombreux éditeurs qui craignent de perdre beaucoup de ventes. Mais pour Suzanne Galvez, qui s’occupe des contenus pour la plateforme Findaway aux Etats-Unis, les "consommateurs" sont totalement autre: "des citadins, plus jeunes que le lectorat traditionnel". Pour elle, il ne se branche pas sur la plateforme au lieu d’acheter un livre, mais il lit sur abonnement comme il aurait pu regarder Netflix.