Pour justifier cette décision, Enrique Martinez, directeur général de Fnac Darty, invoque dans un communiqué paru vendredi 30 octobre le "constat de l’impossibilité d’une ouverture de l’ensemble des acteurs de la vente de livres, souhaitée et soutenue par les Fnac" ainsi qu’un "souci de responsabilité."
En revanche, l’ensemble des activités essentielles permises par le gouvernement, et notamment la vente de matériel informatique, restent ouvertes en magasin. Le click and collect, valable pour tous les produits distribués par la Fnac, y compris les livres, est également maintenu.
Vigilant, le Syndicat de la librairie française note néanmoins que cette fermeture "rétablit partiellement la concurrence" mais "offre un boulevard à Amazon au détriment du commerce physique et ne résout donc qu’une partie du problème."
Un boulevard pour Amazon
Pour les libraires, c'est une victoire à la Pyrrhus. Si les grandes surfaces culturelles et les hypermarchés sont "défaits", les ministres Bruno Le Maire et Roselyne Bachelot affaiblissent le front commun des éditeurs, auteurs et libraires, qui demandent que les librairies soient réouvertes au titre de commerce essentiel.
Militant pour la réouverture des librairies d’ici quinze jours, "seul moyen de restaurer une concurrence véritablement équitable", le SLF indique que Bruno Le Maire et Roselyne Bachelot, "favorables à titre personnel " à cette décision, "se sont engagés à travailler avec le SLF sur les conditions sanitaires qui permettraient d’examiner la faisabilité d’une telle réouverture." Cette réponse est d'autant moins satisfaisante que les règles sanitaires sont bien plus respectées dans une librairie que dans un hypermarché.
Désormais, il est certain que les ventes de livres vont de nouveau s'effondrer (au moins pendant deux semaines), et avec elles les revenus des éditeurs et des auteurs. Sans aucun doute, en l'absence de circuits de distribution physique, de nombreuses parutions de novembre – c'est déjà le cas pour le programme de Glénat – vont être reportées et les distributeurs devront s'adapter.
En deux semaines, Amazon peut attirer un nombre conséquent de nouveaux clients, captifs sur le long terme. Car, désormais, les livres ne sont achetables que sur Internet (et Amazon accapare au moins 60% du marché). Pour seule réponse, le gouvernement a promis que la question du tarif postal privilégié pour les expéditions de livres réalisés par les libraires sera également à l’étude dès la semaine prochaine.