C'est la première fois que la ministre confirme publiquement la mise en œuvre de cette réforme des programmes en une seule fois à la rentrée 2016, du CP en primaire à la classe de 3e au collège. Avec une bonne foi relative, elle a ajouté à propos des éditeurs scolaires qu'il "leur est laissé au minimum un an pour éditer [les] manuels".
En réalité les programmes définitifs ne seront connus qu'en septembre prochain, au plus tôt, et certains risquent de connaître de forts changements en raison des contestations dont ils font l'objet. La réécriture du programme d'histoire est déjà certaine. Si les éditeurs veulent envoyer les centaines de milliers de spécimens nécessaires aux enseignants lors des vacances de Pâques 2016, pour leur laisser le temps d'en prendre connaissance avant l'été, ils ne disposeront en fait que de 6 mois pour les écrire, et avec une charge de travail jamais connue jusqu'à maintenant.
Au cours de cette séance de questions, la ministre a été sollicitée à deux reprises à propos des problèmes de réalisation des manuels, avant de finir par répondre. "Nous vous avons indiqué que changer les programmes de neuf niveaux en même temps était une folie pour les concepteurs de programmes, pour les éditeurs de manuels scolaires, pour les enseignants eux-mêmes ", avait fait remarquer Annie Genevard (Les Républicains, Doubs). Benoist Apparu (Les Républicains, Marne) s'en est aussi inquiété.
Aucun député n'a toutefois questionné la ministre à propos du financement de ces manuels, à la charge du ministère de l'Education nationale. Le projet de budget actuel prévoit 60 millions d'euros, alors qu'il faudrait 480 millions d'euros. C'est l'autre point qui inquiète grandement les éditeurs, outre les problèmes d'organisation à résoudre pour réaliser plusieurs dizaines d'ouvrages en un temps record.