États-Unis

Les éditeurs indépendants américains remontés contre Barnes & Noble

Le réseau de Barnes & Noble atteignait les 600 librairies à fin 2023 - Photo Barnes & Noble

Les éditeurs indépendants américains remontés contre Barnes & Noble

D'après les éditeurs indépendants américains, la nouvelle politique d'acquisition de la première chaine de librairies du pays mettrait en danger la bibliodiversité. 

Par Pierre Georges
avec Publishers Weekly Créé le 01.07.2025 à 11h00

Une enquête de nos confrères américains de Publishers Weekly fait apparaître qu'un nombre croissant d’éditeurs indépendants aux États-Unis expriment leur exaspération face aux politiques d’achat de Barnes & Noble, la première chaîne de librairies du pays. Selon eux, les nouvelles pratiques instaurées par l’enseigne depuis 2022, sous la direction de James Daunt, limitent sévèrement la présence de leurs titres en magasin, menaçant la diversité éditoriale et la viabilité de nombreuses maisons.

Des critères de sélection plus stricts

Toujours d'après Publishers Weekly, Barnes & Noble a renforcé ses critères de sélection, privilégiant désormais les ouvrages susceptibles de générer des ventes rapides et importantes. Les représentants de la chaîne expliquent vouloir éviter l’encombrement des rayons et réduire les retours coûteux, en se concentrant sur des titres « qui se vendent ». Résultat : de nombreux livres issus de petits éditeurs, même salués par la critique ou portés par des auteurs reconnus, ne sont plus commandés ou ne bénéficient que d’une visibilité très limitée.

« B&N a réduit son offre et s'est débarrassé d'une partie de la richesse, ce qui a porté préjudice aux éditeurs indépendants », explique un éditeur indépendant à nos confrères. « Les "big five" (les cinq premières maisons d'éditions américaines, ndlr) sont eux protégés. Ils savent que B&N achètent leurs titres phares ».

Les éditeurs indépendants dénoncent un cercle vicieux : moins de visibilité chez Barnes & Noble signifie moins de ventes, ce qui rend leurs titres encore moins attractifs pour la chaîne. Certains affirment que leur chiffre d’affaires a chuté de 30 à 50% depuis la mise en place de cette politique. Plusieurs éditeurs témoignent avoir vu des commandes annulées à la dernière minute, parfois sur des titres déjà en stock ou ayant reçu des distinctions littéraires.

Des conséquences pour les auteurs et les lecteurs

Cette stratégie, selon les éditeurs, nuit directement aux auteurs émergents et à la diversité des voix disponibles pour le public américain. De nombreux professionnels s’inquiètent de voir Barnes & Noble, longtemps considéré comme un partenaire clé pour la découverte de nouveaux talents, se comporter désormais comme un « supermarché du livre », centré sur les best-sellers et les grands groupes éditoriaux.

Des critiques qui arrivent dans un contexte d'embellie pour la première chaine de librairies outre-Atlantique : depuis la nomination de James Daunt au poste de P-DG en 2019 et le rachat de la marque par Elliott Management, la chaine s'est dotée de 120 nouvelles librairies ces deux dernières années. 

Pour lire l'intégralité de l'enquête de Publishers Weekly, rendez-vous à cette adresse

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