La situation des bibliothèques universitaires du pays est devenue « critique », alerte l’ADBU, l’Association des directrices et directeurs de bibliothèques universitaires françaises. Face au « décrochage alarmant ces dernières années des bibliothèques universitaires françaises par rapport à leurs homologues européennes », ils publient, à l’adresse du Parlement, du gouvernement, de leurs partenaires scientifiques, économiques et sociaux et à l’ensemble de « l'opinion publique », leurs attentes pour 2030. Résumées en ces termes : « Construire une société plus juste et une démocratie plus forte ou accompagner la transition écologique pour un développement soutenable exige d'investir dans une documentation universitaire de rang européen ». Les voici résumées ici.
1) Acheter des ressources documentaires de l’édition française
En 2021, les dépenses documentaires s’élevaient à 63€/étudiant. La moyenne européenne est à 151 €, selon les chiffres de l’ADBU. Objectif 2030 : porter la dépense documentaire annuelle (hors licences nationales) à 160 € par étudiant, en priorisant les éditeurs français. L’effort financier nécessaire d’ici là est estimé à 1,1 milliard d’euros.
2) Embaucher et former
Pas de réussite sans des professionnels qui accueillent, forment les étudiants, aident les chercheurs, animent la vie de campus. Il faut donc recruter, pour atteindre 5 ETP de personnels de bibliothèque pour 1 000 étudiants en 2030. Idéalement des catégories A et B. En complément, on renforcera leur formation initiale et continue, notamment sur les enjeux sociaux du numérique (intelligence artificielle...). Ce volet représente 1,4 milliards d’euros à échéance 2030.
3) Construire et rénover
Le parc immobilier universitaire est souvent vétuste, mal entretenu. Et le nombre d’étudiants en hausse, alors que les BU sont déjà intensément fréquentées. L’ADBU calcule ainsi qu’il faut construire 500 000 m2 de nouvelles bibliothèques universitaires et rénover 350 000 m2 du parc d’ici 2030. Un investissement de 726 millions d’euros, si l’on fait la moyenne des deux références retenues, le ministère de l’Enseignement supérieur et France universités.
4) Impliquer les BU dans une stratégie nationale
Il s’agit enfin d’insérer davantage les BU dans l’univers de l’enseignement supérieur et la recherche, en coordonnant mieux les universités, les organismes de recherche, le ministère et les autres services de l’État et sur les territoires. « Définir avec clarté les rôles, responsabilités et relations de chacun est prioritaire, de même que simplifier les organisations et les réseaux actuels, complexes et peu lisibles », formule le livre blanc. Un déploiement de moyens humains et matériels qui coûterait 223 millions d’euros d’ici 2030.
Coût total de ce plan BU 2030 (qui serait étalé sur la période 2024-2030) : 3,4 milliards d’euros.