Une juge argentine enquêtant sur les crimes commis durant la guerre civile espagnole va tenter d'éclaircir les circonstances de l'assassinat en 1936 du poète Federico García Lorca dont les restes n'ont jamais été retrouvés, a annoncé jeudi 18 août à Madrid une association de victimes.
La juge María Servini "a déjà accepté notre plainte et s'est mise à travailler sur cette question", a assuré à l'AFP Emilio Silva, le président de l'Association espagnole pour la récupération de la mémoire historique (ARMH), qui a sollicité la juge argentine.
En 2010, la magistrate de Buenos Aires avait invoqué le principe de justice universelle pour ouvrir une enquête pour génocide et crimes contre l'humanité durant la guerre civile (1936-1939) et sous la dictature de Francisco Franco (1939-1975). Cette fois, la juge entend demander "au gouvernement espagnol toute information en lien avec ce dossier (de la mort de Lorca) qui puisse exister dans les archives" et elle pourrait se rendre prochainement en Espagne à cette fin, selon M. Silva.
Victime du franquisme
L'annonce survient 80 ans après la mort du poète, auteur du recueil Romances Gitanes ou encore des pièces Yerma et Noces de sang. Il a été fusillé près de Grenade en août 1936, aux premiers jours de la guerre civile et sa dépouille avait été jetée dans une fosse commune. En septembre débutera une troisième recherche de ses restes jamais retrouvés, selon l'annonce faite récemment par un archéologue dirigeant les travaux.
L'association de victimes a fondé sa demande sur un document de 1965 resté "caché" pendant des décennies aux archives du ministère de l'Intérieur, dans lequel "pour la première fois l'Etat franquiste reconnaît l'assassinat de Lorca", a dit M. Silva. Le texte, un rapport de la police de Grenade, indique que le poète "a été passé par les armes" et "enterré à cet endroit", à une faible profondeur.
En novembre 2014, la juge argentine avait lancé 20 mandats d'arrêt internationaux visant une vingtaine d'Espagnols franquistes qu'elle voulait interroger, dont six anciens ministres de Franco. Mais en mars 2015, le ministre de la Justice espagnol, Rafael Catala, avait annoncé qu'il avait rendu un avis défavorable à leur extradition en Argentine.