Outre Marceline Loridan-Ivens (L'amour après, Grasset, 2018), de nombreux rescapés ont témoigné de leur déportation, en librairie, récemment.
Le 9 janvier 2020, Terminus Auschwitz, le témoignage du psychiatre Eddy de Wind, traduit du néerlandais par Marie Hooghe, a été publié en France chez Michel Lafon. Déporté, Eddy de Wind est affecté en tant que neurochirurgien au baraquement 9, où officie le docteur Mengele. Il s’agit de l’unique témoignage de déportation rédigé au sein même du camp.
En visite à Auschwitz en février 2018, Baptiste Antignani alors élève de terminale, visite Auschwitz mais ne ressent aucune émotion. Bouleversé par ce constat, il prend contact avec Denise Holstein, rescapée du camp de concentration. Après avoir tissé un lien fort avec elle, l’auteur publie Une vie nous sépare son premier essai le 5 février 2020 chez Fayard. De son côté, François Rachline a exprimé son ressenti tout en apportant une réflexion philosophique dans Eprouver Auschwitz (Hermann, 8 janvier).
Les mots pour le dire
Henri Borlant et Dominique Philippe ont publié Dire Auschwitz ce que peuvent les mots (éd. du Petit Pavé) en septembre. Né à Paris, de parents juifs venus de Russie dans les années 1910, Henri Borlant est déporté dans le camp d'Auschwitz en 1942, à l'âge de quinze ans. Après 28 mois passés dans des conditions extrêmes, il réussit à s'évader lors d'un transfert en 1944. Avec ce livre, il retranscrit les séries d’entretiens accordés pour témoigner au sein des institutions internationales depuis les années 1990.
D'origine roumaine, déportée dans le camp de la mort, Hédi Fried répond aux interrogations des jeunes en tâchant de sensibiliser les nouvelles générations à la vigilance contre la barbarie dans Questions d'enfants sur la Shoah (Flammarion, septembre 2019). Elie Buzyn a effectué la même démarche avec Ce que je voudrais transmettre: lettre aux jeunes générations (Alisio, avril 2019). L'auteur sera présent au Mémorial de la Shoah le 15 mars. Il précèdera Ginette Kolinka, présente pour partager son histoire le 29 mars, qu'elle raconte dans Retour à Birkenau (Grasset, mai 2019).
En octobre, Lattès avait édité Juif de personne, récit de Michel Persitz, fils de déporté qui retourne à Auschwitz pour affronter son histoire familiale. On ressort rarement indemne d'un voyage dans ce camp de concentration.
Par ailleurs, début janvier, Hugo Doc a publié 999: l'histoire des premières femmes juives déportées à Auschwitz, de Heather Dune Macadam. Envoyées par le gouvernement slovaque pour leur service national, ces jeunes femmes, dont la plupart étaient mineures, croyaient initialement partir travailler dans une usine de chaussures.
En parallèle
Enfin signalons, que The volunteer de Jack Fairweather a été récompensé dans la catégorie "biographie" des Costa Awards la semaine dernière. Publié le 21 janvier au Royaume-Uni, l’auteur dévoile l'histoire inédite de l'un des plus grands héros de la Seconde Guerre mondiale. Au cours de l'été 1940, après l'occupation nazie de la Pologne, un agent clandestin du nom de Witold Pilecki a accepté la mission de découvrir le sort de milliers de personnes internées dans un nouveau camp de concentration à la frontière du Reich.
En France, la BD Le rapport W de Gaetan Nocq (Daniel Maghen, 2019), librement adapté des témoignages de ce même Witold Pilecki a reçu le prix Cases d’histoire 2019, en plus d'être finaliste du Grand prix de la critique ACBD. Gaetan Nock raconte en images comment le capitaine polonais se fait volontairement arrêter lors d'une rafle par l'armée allemande pour infiltrer le camp d'Auschwitz. Sous le nom de Tomasz Serafinski, il y organise la résistance et envoie des informations aux Alliés sans qu'aucune réaction extérieure n'en découle. Il s'en évade en 1943 après trois années d'enfer. On peut aussi relire Maus d'Art Spiegelman, monument du 9e art, où l'auteur raconte la vie de son père, Juif polonais, jusqu'à sa déportation. Flammarion vient de le rééditer en septembre dernier.