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L'écrivain hongrois Peter Esterhazy est mort

Peter Esterhazy

L'écrivain hongrois Peter Esterhazy est mort

Figure majeure de la littérature hongroise et européenne, Peter Esterhazy a succombé à un cancer jeudi 14 juillet à l'âge de 66 ans.

Par Vincy Thomas
avec afp Créé le 15.07.2016 à 13h55

L'écrivain Peter Esterhazy, chef de file de la littérature hongroise, est mort jeudi 14 juillet 2016 à l'âge de 66 ans d'un cancer dont il avait fait le sujet de son dernier ouvrage, a annoncé son éditeur Krisztian Nyary, directeur des éditions Magveto.

"Il est difficile d'imaginer la littérature hongroise, ainsi que la vie publique hongroise, sans lui, tant il était un acteur important des deux", a déclaré M. Nyary à l'AFP. Peter Esterhazy avait ouvert en juin la foire internationale du livre de Budapest où il avait présenté son dernier ouvrage, Journal intime du pancréas qui évoquait sa bataille contre la maladie.

Né à Budapest le 14 avril 1950, Peter Esterhazy, était issu d'une vieille famille aristocratique dépossédée de ses biens en 1948 après la prise du pouvoir par le Parti communiste. Etudiant en mathématiques, il avait travaillé pendant quatre ans, de 1974 à 1978, à l'Institut d'informatique du ministère de l'Industrie, avant de se consacrer exclusivement à la littérature.

Son oeuvre la plus importante est Harmonia Caelestis (Gallimard, 2001) dans laquelle il retrace l'histoire de sa famille, de ses ancêtres à l'époque de l'empire austro-hongrois jusqu'à leur persécution par la dictature communiste. En 2005, sous le titre Revu et corrigé, il publie, toujours chez Gallimard, une nouvelle version de ce récit intime après s'être rendu compte que son père avait été un informateur de la police politique pendant l'ère communiste, en livrant de larges extraits des dossiers retrouvés.

Opposant à Viktor Orban

Il s'était également signalé ces dernières années par ses prises de position contre le Premier ministre conservateur Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, auquel il reprochait de porter atteinte à la liberté de la presse et à l'équilibre des pouvoirs.

"Le système Orban abîme la Hongrie", avait-il ainsi écrit dans un article paru en 2015 dans la revue de gauche hongroise 168 ora.  Il avait affirmé avoir lui-même été victime de censure à l'occasion d'une intervention à la radio en 2013. "La dernière fois que j'ai été censuré", "c'était en 1981", sous la dictature communiste, avait alors lancé Peter Esterhazy.

Figure majeure de la littérature européenne

Considéré comme la figure la plus importante de "la nouvelle prose hongroise", il laisse une oeuvre caractérisée par sa diversité stylistique et ses expérimentations formelles, une prose "argotique et débordante de vie", avait dit de lui l'écrivain américain John Updike.

Introduit en France par l'éditrice Ibolya Virag, il a été découvert en 1988 grâce à son roman Indirect. On lui doit aussi Trois anges me surveillent: les aveux d'un roman (1989) Les verbes auxiliaires du coeur: introductions aux belles lettres (1992), Le livre de Hrabal (1994), Une femme (1998) et L'œillade de la comtesse Hahn-Hahn: en descendant le Danube (1999), tous parus chez Gallimard dans la collection "Du monde entier". La plupart de ses livres étaient traduits par Agnès Jarfas.

Il était aussi passionné de football, comme son plus jeune frère, un ancien international hongrois. Peter Esterhazy a consacré en 2006 un livre à son sport préféré, intitulé Voyage au bout des seize mètres (Bourgois, 2008).

En 2012, il consacre un livre à sa mère, Pas question d'art (Gallimard). Publié dans une vingtaine de langues, il avait aussi préfacé L'histoire d'une solitude de son compatriote Milan Füst (Cambourakis, 2007). Il a reçu, entre autres le prix Tibor Déry en 1984, le prix Attila József en 1986, le prix Kossuth en 1996 et le prix Sándor Márai en 2001 et le Prix de la paix des libraires allemands en 2004 à la Foire de Francfort.

De nombreux livres n'ont cependant jamais été traduits en anglais ou en français.

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