Il entre dans le monde de la culture par la scène avec le Théâtre de l'esprit frappeur, compagnie qu'il fonde avec Albert-André Lheureux et au sein de laquelle il sera d'abord acteur, puis pour laquelle il adaptera en français de nombreuses pièces du répertoire international : des textes d'Hugo Claus, Henrik Ibsen, Anton Tchekhov et Johan Strindberg sont tous passés sous sa plume.
Après une carrière d'enseignant, notamment à l'Ecole d'interprètes de l'université de Mons et à l'Institut national supérieur des arts du spectacle et des techniques de diffusion de Bruxelles, il se lance dans le journalisme. Il fait ses armes au journal francophone Le Soir, dont il dirige le service culturel, de 1985 à 1990. "Notre chagrin est immense, notre admiration aussi", a d'ailleurs réagi l'éditorialiste en chef du quotidien, Béatrice Delvaux, à l'annonce du décès.
Au service des autres
Animateur infatigable de la scène littéraire belge, Jacques De Decker consacra une large partie de son temps à faire vivre des lieux culturels, tels que le Théâtre Poème, Passa Porta, la librairie Tropismes ou encore l'organisation Beaumarchais, à Paris, dont il fut le président. En 1998, il contribua à ressusciter Marginales, une revue littéraire où les écrivains belges font part de leurs ressentis et de leurs analyses sur l'actualité. Dans la note biographique rédigée à l'occasion du décès de l'écrivain, le rédacteur en chef du magazine, Jean Jauniaux, loue un "exceptionnel serviteur des lettres... des autres".
"C'est un monument de la littérature belge, et plus généralement des lettres francophones, qui disparaît", écrit le philosophe belgo-italien Daniel Salvatore Schiffer dans un hommage. Le penseur, ami proche de Jacques De Decker, salue un homme "à l’intelligence vive mais au caractère doux, à la réflexion acérée mais à la sensibilité délicate, au style alerte mais à l’écriture ciselée. Bref : un homme doté d’une rare élégance, dans l’exigence de la pensée comme dans le raffinement de l’allure !"