Après six ans d’enquête, le parquet de Paris a requis début octobre un procès pour l’agresseur présumé de l’écrivain en demandant la requalification des accusations de viol en
"agression sexuelle", confirment des informations de
L’Obs et de l’AFP.
Si le juge d’instruction suit ces réquisitions, le procès aura lieu devant un tribunal correctionnel, et non devant une cour d’assises. Le romancier avait à l’époque déposé plainte pour viol et tentative de meurtre, puis refusé de se rendre à une confrontation avec le suspect au cours de l’enquête quatre ans plus tard, souhaitant la fin de la procédure et un non-lieu.
"Edouard Louis accepte sans difficulté ce réquisitoire. Aller devant une cour d’assises, cela aurait voulu dire entrer dans une ligne de répression contraire à ses opinions politiques", a déclaré son avocat Emmanuel Pierrat, collaborateur à
Livres Hebdo, à l’AFP.
"Mon client est innocent, il attend donc un non-lieu, sinon il n’a pas peur, contrairement à Edouard Louis, d’aller devant une cour d’assises. Je ne peux pas imaginer que ce dossier résistera à un examen contradictoire devant des jurés", a réagi l’avocate du suspect Reda B., Marie Dosé.
De l’affaire aux romans
Edouard Louis avait fait le récit de son agression survenue au soir de Noël 2012 dans
Histoire de la violence, paru au Seuil en 2016. Il y racontait sa rencontre dans la rue avec un jeune Algérien nommé Reda. Un peu plus tard, Reda insulte, frappe et viole celui qui l’avait invité chez lui. Le livre relate l’histoire de cette nuit et des jours suivants, en cherchant les origines et les raisons de la violence.
La même année, l’écrivain Omar Benlaala s’est inspiré de l’affaire pour son premier roman intitulé
L’effraction (Aube, 2016). L’auteur y raconte une rencontre qui tourne mal, prenant le point de vue inverse, celui de Riadh B., alias Reda, alors détenu et mis en examen.
"Tout est fictif. Ce qui intéresse Omar Benlaala est ailleurs: la double culture d’un Parisien d'origine kabyle, le rapport entre l’islam et la sexualité, les contradictions, de celles qui fracturent l’identité, entre une éducation 'traditionnelle' et un quotidien 'consumériste'", écrivait
Livres Hebdo dans sa critique en 2016.