"Le système éditorial élaboré aux XIX et XXe siècles basé sur les contraintes du papier est devenu inadapté, a affirmé la ministre. Conçu à l'origine pour mieux diffuser la science, ce système constitue aujourd'hui un frein. Trop souvent, il faut payer pour avoir accès aux résultats des travaux de nos propres chercheurs et la capacité à accéder aux publications varie d'une université à l'autre, d'un pays à l'autre, parfois même d'un laboratoire à l'autre au sein d'une même institution. Ce qui est paradoxal à une époque où la recherche publique est financée par tous et où le Web permet d'accélérer l'accès aux savoirs. Il faut quelques minutes pour accéder à des fake-news mais parfois 10 ans pour accéder à des données scientifiques."
9 mesures en trois axes
Le plan est organisé autour de trois axes principaux et neuf mesures. Le premier axe vise à généraliser l’accès ouvert aux publications, le deuxième à structurer et ouvrir les données de la recherche et le dernier a pour ambition d'inscrire la France dans une dynamique européenne et internationale.
Les mesures prévoient notamment de rendre obligatoire la publication en accès ouvert des articles et livres issus de recherches financées par appel d’offres sur fonds publics, de créer un fonds pour la science ouverte, de simplifier le dépôt par les chercheurs de leurs travaux dans l’archive ouverte nationale HAL. "On doit pouvoir diffuser facilement la science sans être face à une barrière payante. La science ouverte est la clé pour une meilleure recherche scientifique, elle renforce le potentiel interdisciplinaire, a développé Frédérique Vidal. Je connais l'importance des éditeurs et ils doivent pouvoir trouver toute leur place dans le contexte de mutation digitale, mais il faut raison garder en ce qui concerne les tarifs pratiqués. Les tarifs prohibitifs bloquent la recherche".
Un engagement international
La dimension internationale est essentielle à la mise en œuvre d'une politique nationale en faveur de la science ouverte, a rappelé la ministre. "La science ouverte est un mouvement mondial, a-t-elle détaillé. La France souhaite y prendre sa part en défendant l'idée d'un écosystème efficace, régulé, transparent et résilient". La ministre a annoncé le renforcement de la participation de la France dans les infrastructures européennes et internationale telles que European open science cloud (EOSC), plateforme européenne de ressources partagées.
Elle a également annoncé la création d'un poste d’administrateur des données et d'un réseau de correspondants dans les établissements, afin de répondre aux questions que se posent les chercheurs sur les données de la recherche.
Le budget attribué au Plan national pour la science ouverte est de 5,4 millions d'euros pour la première année et 3,4 millions pour les suivantes. L'objectif annoncé est de parvenir à 60% des données et publications de la science en accès libres d'ici à 2022.
Le 47e congrès Liber, qui ne s'était pas tenu en France depuis l'édition de 2009 à Toulouse, rassemblera jusqu'au 6 juillet 440 congressistes de 34 pays sur le campus de Villeneuve d'Ascq au Lilliad Learning Center Innovation, autour du thème "Les bibliothèques de recherche comme réseau de la science ouverte, de la stratégie à l'action".