L’établissement, intégré au réseau francilien Librest, deviendra La coopérative des idées, une librairie indépendante coopérative dont la majorité du capital social sera détenu par les salariés. Renny Aupetit souhaite que son fonctionnement "réconcilie activité économique, équité sociale, démocratie d’entreprise (un salarié actionnaire est égal à une voix) et qui s'inscrit dans les valeurs de l’économie sociale et solidaire avec une répartition équilibrée des résultats".
Tous les employés de l’ancien Gibert Jeune conserveront leur poste au sein de cette nouvelle structure. "Mon objectif est d’accompagner et de former une équipe de libraires sociétaires qui puissent reprendre la direction à l’occasion de mon départ à la retraite", explique Renny Aupetit.
1,5 millions d'euros de travaux et une ouverture au printemps 2021
Le plan de relance vise le retour à l’équilibre en deux ans et une reconstitution du capital en huit ans. Avec son associée, la libraire du Comptoir des mots Marie Morel, Renny Aupetit consacrera la première année d’exploitation à refonder le magasin. Des travaux d’une valeur d’1,5 million d’euros seront réalisés entre janvier et avril 2021 pour une réouverture prévue au mois de mai. Dans ce laps de temps, les libraires bénéficieront de formations.
A partir du deuxième exercice annuel, les salariés auront la possibilité d’entrer au capital de La coopérative des idées et de devenir sociétaires. En 10 ans, Renny Aupetit espère accueillir "30 apprentis de la filière librairie" et vise la création d’une "quinzaine d’emplois en CDI". Autant de salariés qui pourront potentiellement prendre une participation dans la coopérative.
Une structure "plus souple"
Avec la crise sanitaire et ses conséquences désastreuses pour les libraires indépendants, Renny Aupetit avoue qu’il a "hésité" avant de se lancer dans ce projet, mais il affirme que "la librairie a encore un rôle à jouer". En cette période difficile pour la filière livre, la Scop répond, selon le libraire, à une exigence de solidarité sociale : "Dans notre milieu, on ne gagne pas de gros salaires et la coopérative permet de mieux redistribuer [les gains de l’entreprise] aux salariés", souligne-t-il.
"Ce type de structure est également plus souple du fait qu’elle facilite les entrées et les sorties dans la gestion de l’entreprise, ce qui me permet de préparer ma retraite", rajoute le commerçant de 59 ans. Surtout, se présenter comme une Scop dans le IIe arrondissement de Paris, en plein processus de gentrification, est un "argument marketing important" pour séduire la population du quartier, "grande consommatrice de culture".
Gibert en souffrance
Le réseau Gibert Joseph est en proie à des difficultés financières et s'est déjà séparé en mai de trois magasins: Chalon-sur-Saône, Clermont-Ferrand et Aubergenville. Dans un entretien à Livres Hebdo en juin, Olivier Pounit-Gibert, président de Paladis, la société holding qui chapeaute le groupe de librairies Gibert, et Marc Bittoré, directeur général de Paladis et président de Gibert Joseph Paris, avaient affirmé qu' "environ un tiers du parc [était] en souffrance".
Gibert Jeune Rive Droite a réalisé un chiffre d'affaires de 2,6 millions d'euros en 2019 (dont 1,96M€ dans le livre), en légère baisse par rapport à 2018, sur une surface de 750 m2.