"Il n’y a plus une chambre d’hôtel libre !" Ce n’est pas l’Office de tourisme de La Rochelle qui le dit, mais Matthieu de Montchalin, le P-DG de L’Armitière, à Rouen, et président du Syndicat de la librairie française (SLF), organisateur des quatrièmes Rencontres nationales de la librairie (RNL). Après Lyon en 2011, Bordeaux en 2013 et Lille en 2015, la manifestation bisannuelle, soutenue par un ensemble de partenaires professionnels et locaux, se tient les 25 et 26 juin dans la ville portuaire, au sein de l’espace de congrès Encan. Plus de 800 participants, libraires bien sûr mais aussi acteurs de la chaîne du livre et représentants des pouvoirs publics, sont attendus. Avec plus de 750 inscrits au 20 juin, dont 500 libraires et près de 200 éditeurs et diffuseurs, l’engouement pour ce rendez-vous interprofessionnel ne se dément pas.
"Un moment de plaisir"
Les RNL sont "un moment de plaisir où l’on rencontre des confrères mais aussi des partenaires", résume Dominique Fredj (Le Failler, Rennes), qui reconnaît apprécier particulièrement "les moments off de pause durant lesquels les échanges sont informels et riches". Après un début d’année difficile, la manifestation apparaît même aux yeux de certains comme une occasion de se ressourcer. Se réjouissant de la richesse du dialogue, Cécile Bory (Georges, Talence) espère "apprendre de ses confrères et repartir avec de bonnes idées". Participant pour la première fois à l’événement, Naza Chiffert (L’Emile, Paris) a décidé de s’y rendre "pour le plaisir" mais aussi parce qu’elle a "toujours plus appris sur les bonnes pratiques par le biais de confrères que par tout autre moyen".
Cette année sur le thème "Economie, commerce et territoires", les RNL poursuivent le fil rouge qu’elles ont tendu depuis Lille autour de la problématique économique de la librairie. Mais elles creusent aussi les questions commerciales de fidélisation de la clientèle et s’intéressent, pour cette nouvelle édition, à la dimension territoriale du métier en pointant les problèmes liés à la dévitalisation des centres-villes. Située hors de la sphère des préoccupations quotidiennes des professionnels, cette problématique n’en est pas moins vitale pour les librairies indépendantes, installées pour la plupart en centre-ville, et par suite pour l’ensemble de la filière du livre. Pour Guillaume Husson, délégué général du SLF, les RNL sont précisément le lieu pour prendre de la hauteur et s’intéresser à ce type de sujets.
Trente ateliers
A côté des séances plénières, programmées le dimanche matin et le lundi après-midi sur des sujets de fond, deux autres types de rendez-vous sont proposés. Par rapport aux années précédentes, l’accent a été mis sur les ateliers réunissant 30 à 100 personnes. Au nombre de trente, organisés avec la participation de nombreux libraires adhérents du SLF, ils visent à favoriser les échanges autour de thématiques pointues et ancrées dans le métier. Il sera question de "S’organiser dans une petite librairie", "Comment vendre mieux les livres de fond", ou encore "Qu’attendre des animations ?" (1). Dans le même temps, des entretiens en face-à-face sont organisés pour les libraires avec les diffuseurs, éditeurs et autres partenaires, dont les transporteurs. Déjà plus de 200 rendez-vous ont été pris, notamment par les libraires de petites structures ayant peu l’occasion de rencontrer directement leurs fournisseurs et partenaires.
Enfin, venue s’ajouter tout récemment au programme des RNL, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, sera présente dans la manifestation le lundi entre 12 heures et 13 h 30. Son intervention s’annonce comme un temps fort des Rencontres. Si aucune information n’a été communiquée sur le contenu de son allocution, les échanges avec l’ex-présidente du directoire d’Actes Sud devraient être facilités par sa connaissance du secteur et par la pratique d’un langage commun.
(1) Voir le programme complet sur le site www.lesrencontresnationalesdelalibrairie.fr.
Le décollage ralenti de l’Observatoire
Lancé lors des précédentes RNL, en 2015 à Lille, l’Observatoire de la librairie développé par le Syndicat de la librairie française (SLF) comptabilise 160 adhérents, dont les deux tiers ont souscrit l’offre initiale gratuite. La montée en puissance se révèle plus lente que prévu, d’autant que l’ambition initiale était d’atteindre rapidement 250 adhérents.
"Le coût vaut le coup"
Pourtant, le faible taux de désabonnement, malgré le retour à une offre payante, témoigne d’un bon accueil de l’outil par les adhérents. "Je n’en pense que du bien", lance Dominique Fredj (Le Failler, Rennes). "Le fait de pouvoir me comparer avec les confrères m’aide à savoir où j’en suis sur la vente de mes titres, mais aussi sur la santé de mes rayons", précise Anais Massola (Le Rideau rouge, Paris 18e), qui a ainsi détecté un problème en sciences humaines et a depuis retravaillé son offre. "Le coût vaut le coup", confirme Frédérique Massot (La Rose des vents, Dreux).
Les revenus de 2016 ayant couvert le coût d’achat des licences, le SLF se donne les moyens d’accélérer ses recrutements : il a baissé les tarifs d’adhésion de 20 % en moyenne début 2017, car plus les libraires seront nombreux, plus les coûts de développement de l’outil seront partagés et donc moins l’adhésion sera chère. Et, surtout, plus les bases de données auront de sens. Susceptibles d’intéresser les éditeurs, celles-ci pourraient même, à terme, leur être vendues, espère le SLF.
Une source de revenus qui serait bienvenue pour aider l’Observatoire à autofinancer ses développements et à monter en puissance. "La clé du décollage passe par un renforcement de l’accompagnement des libraires dans leur utilisation de cet outil", estime Guillaume Husson, délégué général du SLF, qui reconnaît être à la recherche du cercle vertueux. "Entre 300 et 400 adhérents d’ici les RNL de 2019", tel est l’objectif de son président, Matthieu de Montchalin.