Série d'été anniversaire

Premier Parallèle : une décennie à repenser la société

Amélie Petit. - Photo © James Startt

Premier Parallèle : une décennie à repenser la société

Pendant tout l’été, Livres Hebdo consacre une série hebdomadaire d’articles aux anniversaires d’acteurs du monde de l’édition. Depuis une décennie, Premier Parallèle, petite maison indépendante que dirige Amélie Petit, a su donner matière à penser le monde contemporain à travers des essais de sciences humaines et des récits littéraires de non-fiction avec de francs succès.

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Par Sean Rose
Créé le 30.07.2025 à 18h00

Premier Parallèle, dix ans et autant de mordant ! Depuis une décennie, la petite maison indépendante que dirige Amélie Petit a su s’attaquer à pleines dents aux sujets contemporains à travers des essais à teneur anthropologique, sociologique, politique, philosophique, et des textes littéraires de narrative non-fiction.

Analyser, pas militer

« Parallèle » dans le nom de la maison ne signifie pas tant « ligne alternative » qu’idoine distance – le pas de côté nécessaire pour penser dans une société où on a le nez sur le guidon, ou plutôt sur les écrans. « On ne se veut pas criant, ce n’est pas une maison militante », insiste Amélie Petit. Premier Parallèle essaye de donner de quoi alimenter la réflexion, food for thought, comme on dit en anglais. Le prouvent tant de livres dont les titres parlent d’eux-mêmes. Exercices d’observation (2022) du regretté Nicolas Nova. Dans les pas des anthropologues, des écrivains, admirer. Éloge d’un sentiment qui nous fait grandir (2024) de la philosophe Joëlle Zask ou encore L’inconscient inculqué à mon ordinateur (2025) du psychanalyste Yann Diener.

Du numérique au papier

Cofondé par Sophie Caillat, qui venait du journalisme (Rue89), et Amélie Petit, qui avait déjà travaillé dans l’édition en freelance, Premier Parallèle ne publiait au tout début qu’en ligne, sauf, de manière ponctuelle, un livre accompagnant les rencontres que lesdites éditions numériques organisaient. Sans diffuseur ! Mais les choses vont s’enchaîner rapidement. Après un premier titre paru en mars 2015, Premier Parallèle signe six mois après avec Volumen, depuis intégré à Interforum. Avec Sébastien Martinez, Une mémoire infaillible (2016), ce sont 50 000 exemplaires vendus en grand format, une adaptation en BD, Une mémoire de roi (2018), dessinée et coscénarisée par Mathieu Burniat, atteignant les 12 000 exemplaires…

C’est en 2018, année où Amélie Petit reprend seule les rênes de la maison, que Premier Parallèle acquiert une visibilité internationale grâce à Happycratie, écrit avec un chercheur espagnol par la sociologue franco-israélienne Eva Illouz. Premier Parallèle en possède les droits mondiaux, l'essai ayant été traduit en 17 langues.

Mais quel est donc son secret ? « Le Kairos ! » répond malicieusement la directrice de Premier Parallèle en faisant référence à la divinité grecque du moment opportun. En vérité, un certain flair : « À l’époque d’Happycratie, les librairies étaient inondées d’ouvrages de développement personnel, cette analyse de l’injonction au bonheur venait à point nommé. » En outre, dans ce biotope du livre, non sans prédateurs, et sous la pression constante d’un lectorat volatile tenté par le divertissement facile ou l’information véloce, « Premier Parallèle est une maison souple, où les décisions se prennent vite. Avec une dizaine de titres par an, chacun d’eux est désiré. » 

Les deux grands moments de la rentrée 2025 seront le lancement d’une nouvelle collection « La vie rêvée des personnages », avec deux titres signés respectivement Sibylle Grimbert et Alexis Jenni et  – ce dont Amélie Petit n’est pas peu fière – la parution de Notre histoire mérite une fin heureuse, journal de prison de 1963 d’Albie Sachs, architecte avec Nelson Mandela de la nouvelle Afrique du Sud. « Âgé de 80 ans, ce héros de la lutte anti-apartheid viendra à Paris en octobre, une soirée lui est consacrée au Théâtre de la Concorde le 8 octobre. »  

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