Qui était Laura Ingalls Wilder (1867-1957) ? Personnage emblématique de La petite maison dans la prairie, elle était l'autrice des romans pour enfants à l'origine de la série américaine, diffusée à partir des années 1970. La saga, inspirée par sa propre enfance au sein d'une famille de « pionniers », s'est vendue à plus de 60 millions d’exemplaires dans 45 langues.
Cantonnée à son incarnation télévisuelle, Laura Ingalls Wilder pourrait bien sortir de l'ombre, de notre côté de l'Atlantique, en tant que femme de lettres. Les éditions Dépaysage entendent en effet publier la traduction française de sa biographie historique, Prairie Fires: The American Dreams of Laura Ingalls Wilder, écrite par la journaliste américaine Caroline Fraser et récompensée du prix Pulitzer en 2018. Pour ce faire, la maison lance une campagne de pré-ventes sur la plateforme Kisskissbankbank (KKBB) qui lui permettra de financer la parution de l'ouvrage, sous le titre de Laura Ingalls Wilder, une vie dans la Prairie.
Femme d'affaires et journaliste
« C'était une sacrée femme ! Dans un milieu conservateur, elle a su aller de l'avant, faire ce qu'elle voulait », souligne Amaury Levillayer qui a acquis, en 2020 durant le premier confinement, les droits de traduction du texte en français pour le monde entier. Lors de son mariage en 1885, Laura obtient ainsi du pasteur de ne pas formuler de vœux d'obéissance. Plus tard, elle se révèle en femme d'affaires, « administrant une sorte de crédit coopératif où elle a accordé l'équivalent de 15 millions de dollars à des fermiers », raconte encore l'éditeur.
Laura, qui rédigeait déjà des articles pour le Missouri Ruralist ainsi que pour d’autres magazines, est encouragée par sa fille, la journaliste Rose Wilder, à écrire ses mémoires. Jugée trop dure, cette autobiographie, Pioneer girl, est réécrite sous l'impulsion de Rose Wilder, donnant naissance à La petite maison dans la prairie, dont le premier volume paraît en 1932. « Laura a une plume, sa fille a su la vendre », résume Amaury Levillayer.
Rétablir une vérité historique
S'éloignant du récit édulcoré adapté à la télévision, Prairie Fires: The American Dreams of Laura Ingalls Wilder « offre également une synthèse éclairante sur un pan méconnu de l'histoire des États-Unis : la colonisation des Grandes Plaines, à l'origine de la déportation et de l’assassinat d'Amérindien.nes », défend la maison d'édition qui publie par ailleurs des essais sur les populations autochtones ainsi que des textes d’autrices et auteurs amérindiens. « Dans les livres comme dans la série, il n'est presque jamais question des Amérindiens, alors que ce sont eux qui vivaient là et qui ont été victimes de cette installation des descendants de colons européens. On veut rétablir cette vérité historique », insiste l'éditeur.
Vendu aux États-Unis à plus de 175 000 exemplaires, ce texte de 550 pages représente plusieurs mois de travail en traduction. « Pour une petite structure comme la nôtre, il est impossible d'assumer seuls les coûts de fabrication, estimés à environ 50 000 euros », précise Amaury Levillayer qui espère atteindre les 900 pré-ventes en ligne. « Chaque pré-vente supplémentaire permettra d'aller vers une impression de qualité et d'intégrer dans le texte 24 photos d'époque », indique-t-il.
Si la campagne est victorieuse, la parution de Laura Ingalls Wilder, une vie dans la Prairie, est prévue pour fin novembre 2023. En attendant, la traduction intégrale de l'introduction (par Charles Gounouf), ainsi que plusieurs clichés sont en accès libre sur le site des éditions Dépaysage.