Une pièce de théâtre allemande de 1913 a ainsi été envoyée à des personnes vivant aux Etats-Unis, des descendants d’un collectionneur juif autrichien, Karl Maylander, qui possédait le livre avant d’être déporté en Pologne en 1941, où il est décédé.
L’un des conservateurs de la librairie britannique a remarqué que l’ouvrage en question possède un ex-libris au nom de Karl Maylander. "Une enquête a révélé que ce titre appartenait bien à cet homme avant qu’il ne lui soit confisqué", affirme la librairie avant de renvoyer le livre à ses ayant droits.
Des centaines de livres rendus
Anne Webber, codirectrice de la Commission for Looted Art in Europe (littéralement, la Commission relative au pillage des œuvres d’art en Europe) qui cherche à restituer les œuvres spoliées, affirme que si l’ouvrage n’est estimé qu’à 20 £, il possède très certainement une valeur plus importante pour la famille du défunt.
"Nous avons rendu des centaines de livres et à chaque fois qu’une famille en reçoit un, cela compte beaucoup pour eux car c’est quelque chose que leurs ancêtres ont tenu dans leurs mains, ont lu et auquel ils tenaient", poursuit-elle.
Des ayant droits retrouvés jusqu'en Palestine
Anne Webber se souvient d’un cas où elle était chargée d’identifier les descendants d’une femme, propriétaire de trois ouvrages. "C’était une juive allemande qui a cherché à fuir le pays, avec son mari et ses deux enfants, pour se rendre en Belgique. Le couple et l’aînée sont été arrêtés et tués. Mais la plus jeune a trouvé refuge auprès d’une famille catholique et a été envoyée, orpheline, en Palestine. Nous l’avons retrouvée et nous lui avons envoyé les livres. Elle était devenue grand-mère et c’était la première fois qu’elle revoyait l’écriture de sa mère. Cette famille avait tout perdu", raconte-t-elle.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime nazi a effectué des opérations massives de spoliation d’œuvres d’art. Des services de confiscation ont, dès 1933, volé et pillé des collections publiques et privées de propriétaires juifs. Les objets sans valeur étaient brûlés tandis que les livres alimentaient la bibliothèque de la Haute Ecole du Parti national-socialiste des travailleurs allemands. A l’heure actuelle, de très nombreuses œuvres spoliées n’ont toujours pas retrouvé leurs propriétaires originels.