Le jour et la nuit. « Je suis votre altesse, Reine Nita, et la nuit m'appartient. » La voix est celle de la reine du Sheeva Club - la diva du dancefloor qui met le feu. La faune noctambule s'agglutine autour d'elle dès qu'elle investit la piste, son aura irradie au-delà de la discothèque, elle est telle que Paris Match a dépêché l'un de ses journalistes pour l'interviewer. Dans le carré VIP, Nita est comme aspirée dans un tourbillon d'hommages. La musique est trop forte, Max n'arrive pas bien à l'entendre, elle lui propose qu'ils fassent l'entretien au café d'en face. « Le boulevard Poissonnière exhale la fête, l'alcool, la drogue, la joie comme la peine. En un mot : la nuit. » Installé avec son interlocutrice à la terrasse du café Le Gymnase, Max pose enfin sa première question : « Tout d'abord Reine Nita, qui es-tu ? » Sans transition, nous voilà de l'autre côté du périph. On troque la chaude tessiture rauque de la narratrice scintillante de strass contre le flow gouailleur du jeune banlieusard qui relate son quotidien en s'allumant un joint. Tony prend des cours de théâtre et rêve d'un rôle à la mesure de son ambition de briller. Nuitamment, il file vers l'envers de sa vie diurne... Tony à Noisy, Nita à Paris, c'est Janus aux deux faces.
Dans son dixième roman, Drag, Johann Zarca continue de brosser le portrait de la gent déjantée de la capitale aux mille activités interlopes. L'auteur de Paname underground (éditions Goutte d'Or, 2017), qui lui valut le prix de Flore, y déploie derechef son art consommé de peintre de la vie postmoderne, à travers une grammaire nerveuse, en arabesques chamarrées. Façon street art, à la bombe.
Drag
Grasset
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 20 € ; 216 p.
ISBN: 9782246832867