Entretien

Jean Le Gall (Le Cherche Midi) : « Nous faisons le pari d’une contre-proposition »

Jean Le Gall, directeur général du Cherche Midi et de Séguier - Photo Le Cherche Midi

Jean Le Gall (Le Cherche Midi) : « Nous faisons le pari d’une contre-proposition »

Nouvelle charte graphique pour la non-fiction, lancement d’une collection de littérature française… quelques mois après sa nomination à la tête des éditions du Cherche Midi, Jean Le Gall, par ailleurs toujours directeur de Séguier, revient pour Livres Hebdo sur les chantiers qui l’occuperont au cours des prochains mois.

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Par Charles Knappek,
Créé le 06.04.2021 à 11h00

Vous dirigez depuis quelques mois les éditions du Cherche Midi. Quels sont vos chantiers ?
Le Cherche Midi va rester fidèle à sa ligne généraliste et au caractère mêlé d’impertinence et d’originalité qui lui ont valu d’être favorablement remarqué jusqu’à ce jour. Je continue de travailler aux côtés du fondateur de la maison Philippe Héraclès, ainsi que de Marie Misandeau et Arnaud Hofmarcher. Nous avons reçu début mars le renfort de Jean-Pierre Montal, qui avait cofondé les éditions Fromentin ; ses envies sont si proches des nôtres que je l’imagine embarqué avec nous pour une longue période. La principale évolution « visible » de ce début d’année concerne la charte graphique élaborée par Rémi Pépin que nous mettons en place pour nos titres de non-fiction. Cette charte présente les indices d’une identité commune tout en restant suffisamment flexible pour s’adapter à la variété des sujets abordés dans nos publications. L’autobiographie de l’acteur Saïd Taghmaoui, De La haine à Hollywood, qui paraît le 12 mai, sera parmi les premières à en bénéficier. Dès le mois de mai, 80 % de nos titres, c’est-à-dire les témoignages, essais, documents, mémoires et biographies seront concernés.  

Le Cherche Midi est aussi une maison de littérature. Quels sont vos projets en la matière ?
Nous allons réduire la production de littérature française, qui passera d’environ 25 titres par an à une quinzaine au maximum. Ce resserrement s’accompagne du lancement d’une nouvelle collection de littérature française intitulée « Cobra », dont les deux premiers titres paraîtront le 18 août. La place de la littérature étrangère quant à elle demeure inchangée. Le travail d’Arnaud et Marie est exceptionnel dans ce domaine et il est urgent de ne rien changer. Affamée de Raven Leilani (collection « Vice caché »), par exemple, reçoit actuellement les louanges de la critique.

Quel est le concept de cette nouvelle collection « Cobra » ?
Partant du constat que la littérature générale est aujourd’hui dominée par la non-fiction et l’autofiction, nous faisons le pari d’une contre-proposition. Barthes avait promis pour l’avenir « une absence idéale de style ». Elle se double en réalité d’une absence recommandée d’imagination. Nous, nous allons au contraire consacrer cette collection au roman, celui qui doit sa gloire à l’invention et à cette faculté superbe des écrivains : la création. Les deux premiers titres que nous publions, Murnau des ténèbres de Nicolas Chemla et La grande vallée d’Édouard Bureau, sont emblématiques de notre projet. Aux lecteurs et lectrices de constater que la sacro-sainte « réalité » ne s’atteint jamais mieux que par les détours de l’allégorie. Quatre à cinq titres paraîtront chaque année dans « Cobra ». Les prochains suivront en janvier 2022.

Vous étiez déjà à la tête de Séguier, dont vous conservez la direction. Existe-t-il une complémentarité avec Le Cherche Midi ?
Le Cherche Midi et Séguier ont pour seul point commun de m’avoir pour directeur ! Et puis il vaut mieux appliquer à soi ce que l’on recommanderait volontiers aux autres : il est absolument nécessaire de respecter l’indépendance des marques, leur histoire et leur permanence. Séguier a construit une image paradoxale, à la fois élégante et libertaire. A l’image des Mémoires de David Niven, qui paraissent ce mois-ci, ou du livre « choral » qui sera consacré en octobre à Loulou de la Falaise (d’une incroyable liberté de ton) : Loulou & Yves. Le Cherche Midi quant à lui continue son chemin, entre courage et irrévérence, loin de tout suivisme éditorial. En témoigne ce titre à paraître en octobre, signé de la philosophe et psychanalyste Sabine Prokhoris : Le mirage #MeToo.

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