"Elle me tient par la main, et pousse en même temps mon frère dans son landau." Voilà commence le premier roman d'Isabelle Carré, les rêveurs, publié chez Grasset le 10 janvier. Le livre débute avec un rêve, ou plutôt un mauvais rêve.
Le récit intime (fictif ou réel, après tout une comédienne sait mentir) est une forme de chronique familiale. Une famille implosée, décomposée, recomposée, exposée. Au fil de ces courts chapitres qui retracent la rencontre de ses parents, son enfance, sa jeunesse, Isabelle Carré, s'amusant avec des références cinématographiques et des séquences oniriques, dévoile cette lutte permanente entre le monde imaginaire et une existence souvent moins belle, avec humour et tendresse. Elle étale cette pommade de mots pour guérir les maux et embellir les tristes souvenirs.
"Si tout le monde est si fragile, on doit pouvoir vivre avec..." écrit-elle. C'est avec la bataille du Mariage pour tous qu'elle a décidé d'écrire: raconter avec justesse sa famille "pas comme les autres" qui débute avec l'émancipation de sa mère, "vilain canard" d'une dynastie immuable et conservatrice. L'actrice explore ainsi les amours polyformes et les désillusions multirécidivistes, l'idéalisme et les mensonges qui se cachent dans le destin de chacun, à commencer par celui de son père, qui cachait ses revues Gai Pied sous les magazines de mode.
Isabelle Carré a 46 ans. 8 fois nommée aux César (et lauréate en 2003 pour Se souvenir des belles choses), 4 fois nommée aux Molières du théâtre (deux fois primée comme meilleure comédienne) a 30 ans de carrière derrière elle. A l'affiche d'un certain nombre de succès populaires au cinéma (La bûche, Les sentiments, Les émotifs anonymes, Garde alternée actuellement en salles) et de films d'auteurs exigeants et récompensés signés Philippe Harel, Bertrand Tavernier, Anne Fontaine, Alain Resnais, François Ozon ou les frères Larrieu, elle a su s'imposer comme un visage familier sur nos écrans. Sur scène, au rythme d'une nouvelle pièce chaque année depuis 1999, elle joue aussi bien des textes de David Lodge que de Marie NDiaye, Arthur Schnitzler que Paul Zindel. Elle sera à l'affiche de Baby, mis en scène par Hélène Vincent, au théâtre de l'Atelier à partir du 19 janvier 2018.