Un été (et une campagne américaine) aura suffi pour envahir Internet de deepfake. Après Kamala Harris et une vidéo de désinformation générée par IA (diffusée sur X) la montrant tenir un discours sur la sénilité de Joe Biden, la chanteuse américaine Taylor Swift a aussi fait les frais d'esprits malveillants à travers une série de photos suggérant son soutien à Donald Trump.
Face au déferlement de fausses informations, le bureau américain du droit d’auteur a réagi. L’institution rattachée à la bibliothèque du Congrès a publié la première partie d'un rapport sur l'impact du récent essor de l'intelligence artificielle avec pour premier sujet de préoccupation les deepfakes. Le bureau situé à Washington DC suggère une nouvelle législation fédérale à ce propos. En Europe aussi, on avance sur les législations. Le tant attendu IA Act a été publié au Journal officiel le 12 juillet dernier, pour entrer progressivement en application le 1er août.
Prochaine date au calendrier, le 2 février 2025 avec les interdictions relatives aux systèmes d’IA présentant des risques inacceptables. En parallèle, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a mis en ligne une FAQ pour aider les internautes à y voir plus clair.
Écrivain artificiel
Côté écriture, l’IA avance aussi à pas de géant. Sur le site Futura, on nous parle cet été d’une nouvelle IA baptisée LongWriter. Développée par des chercheurs de l'université Tsinghua en Chine, cette dernière est capable de générer plus de 10 000 mots, soit l’équivalent d’un court récit. Bonne nouvelle pour Amazon et sa plateforme d’auto-édition KDP où les livres écrits par IA ne cessent d’affluer sans être pour autant de meilleure qualité souligne France Info dans Vrai ou faux, sa capsule de fact checking hebdomadaire.
Claude, un braqueur ?
Les dernières avancées iraient tellement loin que deux entreprises - Cinelytic et Scriptbook - affirment être capables d’estimer la qualité d’un scénario, d’un casting et de prédire le succès d’un film. Un emballement qui ne semble plus pouvoir s’arrêter. Dans une enquête publiée en août dernier, Anne Cagan, rédactrice adjointe Tech et transformations à L’Express, écrit à propos de l’IA en traduction : « Avec l’intelligence artificielle, le rêve fou d’une langue universelle devient réalité. » Constat douloureusement partagé par les traducteurs qui s’arrachent de plus en plus les cheveux. Dans l’émission « C’est mon boulot » de France Info, une traductrice témoigne avoir perdu 60 % de son chiffre d’affaires en moins d’un an, ses prestataires ne lui proposant plus que de la post-traduction ou arrêtant purement et simplement son contrat.
Nouveaux partenariats
Il faut dire que de plus en plus d’acteurs du secteur se laissent tenter. Il y a quelques mois, The Bookseller a par exemple annoncé un nouveau partenariat entre HarperCollins et ElevenLabs AI pour créer des livres audio pour les titres étrangers. Et la tentation ne s’arrête pas aux traductions. Outre-Atlantique, ce sont les maisons universitaires qui se lancent dans l’aventure. Début août, un article du Bookseller a confirmé deux partenariats IA avec Wiley et Oxford University Press.
La Cambridge University Press a également annoncé proposer un « opt-in ». De même, toujours dans The Bookseller, on apprend que la société mère de l'éditeur universitaire Taylor & Francis s'attend à gagner 58 millions de livres sterling (environ 69 millions d’euros) grâce à des partenariats dans le domaine de l'intelligence artificielle en 2024. De quoi donner des idées en France ? Cela se pourrait, comme nous l'indiquait déjà Guillaume Montégudet, membre du directoire d'Humensis (actionnaire notamment de Cairn.info) en juillet dernier.