Da doux ronron. Dans l'univers romanesque d'Hélène Gestern, « ça miaule et ça ronronne. Toujours ». Du gros matou accompagnant l'héroïne d'Eux sur la photo (Arléa, 2011), son premier roman, au minet faisant entendre sa voix dans Cézembre (Grasset, 2024), les chats imprègnent son œuvre « de la plus douce musique du monde ». Ses muses se prénomment Zeugma et Mimi, la seconde ayant consolé l'autrice de la mort du premier. Toi lui est entièrement dédié, une déclaration d'amour qui, prévient l'autrice, semblera « une preuve supplémentaire de l'égarement d'autrui » à tous ceux qui ne verraient en Mimi « qu'un animal ». Partageant des moments de vie d'une grâce absolue, mais également la douleur et la culpabilité engendrées par la maladie de son « amie chat », Hélène Gestern dévoile, dans ce texte personnel, la manière dont Mimi a déteint sur son écriture et sur sa vie tout court. « L'amour ne se commande pas. Et ne devrait pas se juger », avance-t-elle en exergue, avant d'aborder certains tabous suscités par la relation fusionnelle qu'elle entretient avec Mimi. Ainsi, l'accompagnement d'un animal dans la maladie est-il très différent de celui d'un proche ? Si son amour des animaux, reconnaît l'écrivaine, est « un peu excessif », son merveilleux petit livre sensibilise au « respect de leur tempérament » et démontre, au fil de saynètes délicieusement tragicomiques, émouvantes aux larmes pour certaines, la capacité des animaux à créer du lien entre les humains. Autant d'anecdotes partagées dans le cadre intime et feutré de la nouvelle collection « Le Bar de la Sirène » (Seuil), en tête-à-tête avec cette passionnante écrivaine qu'est Hélène Gestern.