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[Exclusif] Trierweiler : Laurent Beccaria s’explique

Laurent Beccaria. - Photo © O. Dion

[Exclusif] Trierweiler : Laurent Beccaria s’explique

Dans une longue lettre adressée en exclusivité à Livres Hebdo, le P-DG des Arènes explique pourquoi il a décidé de publier Merci pour ce moment et pose la question : “Est-ce le livre qui est scandaleux ou son traitement médiatique qui en fait un torchon?”. Il décrit aussi les étapes d'un processus d'édition très secret.

Par Christine Ferrand
Créé le 16.09.2014 à 15h20 ,
Mis à jour le 17.09.2014 à 14h18

Le P-DG des Arènes, Laurent Beccaria, explique dans une longue lettre adressée aux lecteurs de Livres Hebdo (à télécharger ci-contre), pourquoi il a décidé de publier l'ouvrage de Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment, dont le tirage global atteint désormais 590000 exemplaires. Il reconnaît d'emblée avoir été séduit par l'idée de “reproduire avec elle l’aventure partagée avec Eva Joly lorsqu’elle instruisait l’affaire Elf” en publiant un livre qui, comme le dira plus tard le responsable de la revue XXI, publiée par Les Arènes, Patrick de Saint-Exupéry, “est dévastateur pour le système médiatique”.

C'est l'éditeur Florent Massot, directeur de collection aux Arènes, qui lui apprend en février dernier que l'agente Anna Jarota a été mandatée par Valérie Trierweiler. Alors que les grandes maisons de documents font monter les enchères – “d'Albin Michel à Flammarion, en passant par Le Seuil, Fayard, Plon, Lattès, Robert Laffont, Stock, etc.”, écrit-il –, il rencontre l'auteure, trouve qu'il “se dégage d'elle quelque chose de libre, de franc et de droit” qui lui plaît et lui rappelle Eva Joly. “Vilipendée par les médias, [cette dernière] avait réussi à se faire comprendre grâce à une autobiographie publiée par Les Arènes”, se souvient-il.

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
Après avoir révélé le contenu des accords – “pas de chèque mirobolant mais des droits d'auteur confortables”, “le secret absolu”, “la possibilité de se rétracter à tout moment”… –, l'éditeur détaille dans son courrier les mois de travail avec l'ex-compagne du président de la République en mettant à mal au passage quelques rumeurs : “Il n'y a bien évidemment pas d'écrivain fantôme”, “les coupes visent à éviter les digressions inutiles” et non à censurer des passages diffamatoires. Tout se passe dans le plus grand secret, quatre personnes seulement étant au courant, ce qui explique les coquilles de la première édition car “la relecture et la correction se feront en interne”.

Le lancement du livre

Vient ensuite le lancement. Le tirage est défini par analogie aux ventes des livres des précédentes “premières dames”, “comprises entre 500000 ex. (Danièle Mitterrand) et 100000 ex. (Cécilia Attias), en passant par 350000 ex. (Bernadette Chirac)”, selon Laurent Beccaria. Le tirage est fixé à 200000 avec un talon de 100000 exemplaires. “Personne n’imagine alors l’impensable, c’est-à-dire le raz de marée des lecteurs qui va submerger les libraires françaises en deux jours”, écrit l'éditeur, qui ne s'explique pas toutefois sur les ratés de la distribution du livre.

En 48 heures, à partir du lundi 1er septembre, la toute jeune équipe de vente des Arènes, dont c'est le premier grand événement, appelle “au téléphone plus de 650 libraires [...] en leur confiant le nom de l’auteur, le titre et un résumé du contenu. Au final, le total des commandes atteint 99000 exemplaires”.
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
Laurent Beccaria décrit ensuite sa stratégie médias, en expliquant qu'il avait tout misé sur le quotidien Le Monde et deux de ses journalistes, Pascale Robert-Diard et Françoise Fressoz. Une double-page était espérée : ce sera une demi-page à l'arrivée. Mais en parallèle, Valérie Trierweiler a insisté pour que son employeur, Paris-Match, puisse avoir l'information. Dès la parution des articles, la machine s'emballe : “en quelques heures le livre de Valérie Trierweiler est devenu objet de scandale, écrit Laurent Beccaria, qui estime que la “machine à buzz” a transformé une information sensible en canard sans tête, le prétexte à tout et n'importe quoi”.

Le divorce et l'incompréhension

Le patron des Arènes tient ensuite à répondre aux lecteurs qui lui ont opposé la charte de la revue XXI et lui ont écrit : “Pas vous, pas ça !”. Une réaction qu'il juge compréhensible”. Les textes de XXI doivent se justifier les uns par rapport aux autres, explique-t-il. En revanche, Les Arènes, comme toute maison d’édition, publient des textes différents, parfois contradictoires, dont les lecteurs ne sont jamais les mêmes. Un catalogue relève du pointillisme : chaque touche de couleur est indépendante de sa voisine ; il se révèle avec le recul. C’est la liberté et la singularité qui priment.”

Est-ce le livre qui est scandaleux ou son traitement médiatique qui en a fait “un brûlot” voire même “un torchon” ? Les lecteurs en seront seuls juges, sur la durée”, considère l'éditeur qui postule que quand la fièvre sera retombée”, il restera le divorce entre l’hostilité de la quasi-totalité des médias, notamment audiovisuels, et le rush des lecteurs, puisque nous avons dû imprimer 590000 exemplaires en quinze jours pour répondre à leur demande.”

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