Aux États-Unis, l'édition 2025 de la « Banned Books Week » en bibliothèque, une campagne nationale en faveur de la liberté de lire, s'est tenue du 5 au 11 octobre dans un climat particulièrement tendu. D'après les chiffres de l'American Libraries Magazine, 2452 titres ont été "contestés" en 2024. Si le chiffre est en baisse par rapport au record de 2023 (4240 titres), il s'agit du troisième le plus élevé depuis 1990.
Et d'après l'American Library Association (ALA), 72 % des demandes de retrait ou de restriction d’ouvrages en 2024 proviennent désormais d’organisations structurées, d’élus ou d’administrateurs, et non plus de simples particuliers. Une évolution qui illustre la montée en puissance d'une censure "institutionnalisée" via des réseaux militants organisés, souvent liés à des organisations politiques locales ou nationales.
Baker & Taylor : la fin d’un pilier logistique
À cette bataille culturelle s’ajoutera bientôt un bouleversement plus économique : la fermeture programmée de Baker & Taylor, distributeur historique auprès de milliers de bibliothèques américaines. Après l’échec d’un projet de reprise par ReaderLink, l’entreprise vient d'annoncer un plan de liquidation qui entraînera plus de 500 suppressions de postes d’ici la fin de l’année. Un dernier noyau d’employés assurera fin des activités du distributeur jusqu’au 3 janvier 2026.
Pour le secteur, c’est un séisme. Baker & Taylor assurait depuis des décennies la distribution centralisée d’ouvrages, le catalogage, l’équipement et la logistique pour les réseaux publics. Sa disparition va contraindre les bibliothèques à réorganiser en urgence leurs circuits d’approvisionnement, déjà fragilisés par des retards de livraison massifs ces derniers mois. Les acteurs alternatifs que sont Ingram ou Bookazine tentent de se positionner, mais leur capacité à absorber un tel volume reste incertaine, d'après nos confères de Publishers Weekly.