5 janvier > Essai France

Ça commence souvent devant un juge et ça finit quelquefois entre quatre murs. D’ailleurs le livre de Didier Fassin débute dans un prétoire et s’achève sur une grande interrogation : la prison est-elle le meilleur système pour sanctionner les délits et protéger la société ?

Pendant quatre ans, ce professeur de sciences sociales (EHESS à Paris et Institute for Advanced Study à Princeton) a enquêté dans une maison d’arrêt pour examiner le monde carcéral sous toutes ses coutures, en s’intéressant aux détenus comme aux surveillants.

Le résultat de cette immersion est exposé dans cet ouvrage qui n’élude rien de ce territoire désigné comme L’ombre du monde qui est "le reflet de la société et le miroir dans lequel elle se réfléchit".

De l’emprisonnement à la libération, Didier Fassin évoque la question de la surreprésentation des minorités ethniques, les suicides, la violence, les quartiers disciplinaires, le travail et l’éducation jusqu’à la réinsertion espérée.

Didier Fassin a connu un beau succès en 2011 avec la parution de La force de l’ordre (repris chez Points le 8 janvier) où il accompagnait une brigade anticriminalité en banlieue parisienne. Comme une suite logique, il passe de l’anthropologie du quotidien de la police à celle de la prison.

Ce chercheur qui a commencé son parcours comme médecin continue son examen du corps social à travers ses différentes fonctions (police, justice, prison) pour faire une sorte d’ethnographie de la démocratie. Car son livre qui dialogue avec les travaux pionniers d’Erving Goffman ou de Michel Foucault sur l’enfermement constitue aussi une démarche politique et invite chacun à se poser la question de la société punitive. L. L.

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