Trophées de l'édition 2025

Émilie Colombani, sur les Rivages, l'œil à l'horizon [5/5]

Émilie Colombani, directrice éditoriale de Rivages - Photo Olivier Dion

Émilie Colombani, sur les Rivages, l'œil à l'horizon [5/5]

Trophée de l'éditeur ou éditrice de l'année [5/5]. Cette semaine, Livres Hebdo présente chaque jour un des nommés pour les Trophées de l’édition 2025 dans la catégorie éditeur ou éditrice de l’année. Aujourd'hui Emilie Colombani, directrice éditoriale de Rivages et nommée pour la qualité de son travail au long cours, doublement gratifié en 2024 par les prix Femina et du roman de l'Académie française attribués à Miguel Bonnefoy, qu’elle accompagne depuis ses débuts.

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Par Fanny Guyomard
Créé le 06.02.2025 à 12h30

Émilie Colombani a grandi à Paris, rive droite, au milieu des toiles, des couleurs et des chevalets – il y avait un peintre dans la famille. Son violon d’Ingres : la musique classique. Mais son futur métier, lui, serait « en lien avec les livres »

Elle écrira. Des critiques littéraires pour Technikart et Transfuge, sur Francis Scott Fitzgerald ou un certain Lutz Bassmann, fantasque et fantastique auteur qui n’existe pas. Tout pour plaire à l'amatrice d'imaginaire, dont le métier consistera surtout à lire et parfaire les romans écrits par d’autres : l’édition. « Découvrir des diamants, les tailler, les sertir et les exposer. En quelque sorte, je suis une orpailleuse et une joaillère à la fois », décrit-elle. Les risques du métier : « Prendre un diamant pour un morceau de graphite. Et vice versa ».

Porc-épic et jaguar

Après des études de littérature et de philosophie, Émilie Colombani franchit la Seine pour un stage au Seuil où elle restera quatorze ans en tant que traductrice, lectrice puis éditrice. Elle y flashe notamment pour le manuscrit d’Alain Mabanckou, Mémoires de porc-épic, auréolé en 2006 du prix Renaudot. Une fable célébrant la littérature.

En 2013, Actes Sud lui demande de fonder une collection de littérature française pour Rivages et ses couvertures violettes. Devenue sa directrice éditoriale fin 2022, elle lance la collection BD « Virages graphiques », et renouvelle Rivages/Imaginaires. Mais avant, elle repère le Franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy, alors vingtenaire, distingué cette année par le Grand prix du roman de l’Académie française et par le Prix Femina pour Le rêve du jaguar. L’écrivain lui avait envoyé le manuscrit de son premier roman, Le Voyage d’Octavio. « On décelait déjà l'immense conteur qu'il est », commente l’éditrice de ce récit de voyage qui célèbre les mots avec humour et poésie. Le rêve du jaguar poursuit cette fresque familiale et historique avec flamboyance et baroque.

Tribulations imaginaires

Sa fidélité se démontre encore avec Céline Minard, qui écrira le multiprimé Faillir être flingué, un western lyrico-burlesque. « J'ai découvert Céline Minard à l'aube du XXIe siècle avec ses tout premiers livres, La manadologie et Le dernier monde. J'ai été immédiatement éblouie par son talent éclatant. Et je l'ai suivie pour tous ces livres suivants », synthétise la chercheuse d’or, dont les journées sont rythmées d’inattendus. « Chaque jour est plus différent dans la vie d'un éditeur que dans celle d'un écrivain, je crois... »

Son entrée dans l'édition, un quotidien coulant entre lectures imprévues et surprise des rencontres, c'était « un peu par hasard », avance-t-elle dans une autre interview. Nous tiquons sur l’expression, qu’elle nous précise : « Le hasard est le "sous-traitant" du destin. Et j'ai toujours misé sur mon destin ». Émilie Colombani, avec son porte-mine serti de saphir, aiguille celui des écrivains.

L'Éditeur ou l'Éditrice de l'année 2025

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