Un juge fédéral a rejeté vendredi 19 septembre une plainte du président Donald Trump formulée contre l'éditeur Penguin Random House (PHR) et le New York Times. Déposée mi-septembre pour « diffamation » et réclamant 15 milliards de dollars, la plainte a été qualifiée d'« incorrecte et inacceptable dans sa forme actuelle ».
Dans son ordonnance, le juge Steven D. Merryday du tribunal du district central de Floride a rejeté ce dossier de 85 pages, qu’il a décrit comme « incorrect et inacceptable » et au style « fleuri et énervant ». Il a précisé que, si les avocats du président voulaient déposer de nouveau une plainte, cela devrait être fait « de manière professionnelle et digne », en la limitant à 40 pages et en utilisant un langage juridique plus approprié et concis.
Un délai de 28 jours a été laissé aux avocats du président pour déposer cette plainte à nouveau. « Une plainte n’est pas un forum public pour la vitupération et les invectives », a conclu le juge, « ni une tribune protégée pour se déchaîner contre un adversaire ».
« Malveillance réelle »
Déposée en Floride lundi 15 septembre, la plainte initiale affirmait que le livre de Russ Buettner et Susanne Craig, basé sur leurs enquêtes, Lucky Loser: How Donald Trump Squandered His Father’s Fortune and Created the Illusion of Success (Penguin Press), avait été « soigneusement conçu [...] avec malveillance réelle, destiné à infliger un maximum de dégâts au président Trump ».
Donald Trump accuse plus globalement le Times d’un « schéma de diffamation de plusieurs décennies ». « Le Times est devenu un diffuseur principal et assumé de faussetés à l’encontre du président Trump dans le paysage médiatique traditionnel », affirme la plainte, qui soutient que les journalistes dérogeaient aux bonnes pratiques du secteur et ne lui accordaient pas un délai raisonnable pour répondre avant publication.
Dans un communiqué, la maison d'édition indique saluer « la décision du juge, qui reconnaît et rejette une plainte "incorrecte et inacceptable" ». L'éditeur avait auparavant qualifié la plainte de « sans fondement » et affirmé qu'il comptait « soutenir le livre et ses auteurs et continuer à défendre les valeurs du Premier Amendement qui sont fondamentales dans notre rôle d'éditeur ».
À nos confrères de Publishers Weekly, Jon Karp, P-DG de Simon & Schuster, a déclaré : « Le droit à la liberté d’expression est fondamental aux États-Unis pour une raison, et le fait de faire taire ou de refroidir certains types de discours va à l’encontre de ce droit fondamental. Si vous n’aimez pas un livre, vous avez le droit de dire que vous ne l’aimez pas et pourquoi, mais pas d’empêcher quelqu’un d’autre de le lire ». « Il est important de résister à toute forme de censure », ajoute-t-il. « Nos auteurs passent avant tout, et nous restons engagés à protéger leurs droits à exprimer leurs opinions ainsi que le droit du public à accéder à ces œuvres ».
Cette poursuite est la dernière tentative en date de Donald Trump pour sanctionner un éditeur ayant publié un livre avec lequel il est en désaccord.
En 2018, le président avait tenté de bloquer la publication par Henry Holt (Macmillan) de Fire and Fury, de Michael Wolff, et a poursuivi Simon & Schuster pour des titres de l'ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, de sa nièce Mary Trump et du journaliste Bob Woodward, entre autres.