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Des Américains à Sharjah

Lisa Sharkey, vice-présidente directrice chez HarperCollins, et Geoffrey Kloske, président de Riverhead Books - Photo Sharjah Book Authority et Olivia Snaije

Des Américains à Sharjah

À la 14e conférence des éditeurs à Sharjah (Émirats arabes unis), du 6 au 17 novembre 2024, l’une des grandes richesses fut l’hétérogénéité des participants, et la présence de deux éditeurs des grand groupes américains en était le reflet.

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Par Olivia Snaije
Créé le 18.11.2024 à 15h14 ,
Mis à jour le 19.11.2024 à 09h31

Geoffrey Kloske, président et éditeur de Riverhead Books (Penguin Random House), qui fête son 30e anniversaire en 2024, était présent à la 14e conférence des éditeurs à Sharjah (Émirats arabes unis) en compagnie de Cyrus Kheradi, vice-président directeur des ventes internationales et du marketing pour Penguin Random House.

De son côté, Lisa Sharkey, vice-présidente directrice chez HarperCollins, était venue pour parler de sa nouvelle marque, Harper Influence, et la parution des premiers livres cet automne. Le concept de Lisa Sharkey pour Harper Influence est de trouver des personnalités influentes qui écriront leurs mémoires sur la politique, le journalisme, la criminalité, la musique, le sport, la médecine, le développement personnel, la cuisine, la science, les religions ou encore la vie militaire.

Riverhead Books publie surtout de la fiction littéraire par des auteurs qui ont gagné des prix comme le Nobel, le Pulitzer ou le National Book Award, et, dans une moindre mesure, de la non-fiction narrative. Une partie de son catalogue est dédiée aux traductions. La devise de la maison est de se consacrer « à des voix urgentes et inaudibles issues d'une grande variété de milieux qui ont de nouvelles perspectives et de nouvelles histoires à raconter. »

Publier la fiction littéraire aux États-Unis « a toujours été un défi. Mais nous sommes généralement optimistes. La plupart des grands changements ne nous ont pas affectés », raconte Geoffrey Kloske, soulignant l'arrêt de la vente de livres par Costco, le géant américain de la vente au détail. « Nous n'avons tout simplement pas de livres chez Costco », résume-t-il.  

Développement de la littérature étrangère

Riverhead Books est en train de développer sa liste de littérature étrangère.  « Il y a dix ou douze ans, j'ai senti que certains concurrents se retiraient du marché et j'y ai vu une occasion », poursuit Geoffrey Kloske. « Nous avons commencé avec des auteurs d’expression espagnole, Juan Gabriel Vásquez (Colombie) ou Álvaro Enrigue (Mexique), qui ont connu un certain succès assez rapidement, et nous avons continué à chercher des opportunités. »

Riverhead Books cherche des partenaires au Royaume-Uni pour des coéditions, pas uniquement avec des marques de Penguin Random House. L’éditeur a copublié avec Fitzcarraldo Editions la prix Nobel polonaise Olga Tokarczuk. « Pour réussir aux États-Unis, ses livres sont des défis à relever. Lorsque qu’il y a réussite, cela crée la confiance au sein de la maison d'édition et un renforcement de la réputation. Nos livres sont recherchés par les libraires. »

Geoffrey Kloske raconte qu’en termes de traductions, la maison s’est « déplacée vers l'est », au Japon, ou en Chine, et à Taïwan avec un éditeur qui se dédie à l’achat des droits dans le monde sinophone.

« Mais nos zones d'intérêt ne sont pas exclusivement en Asie ou dans le monde hispanique. Je pense que nous avons une certaine proximité avec la France et nous pourrions aller dans cette direction. » Pour les livres en français, Riverhead Books travaille avec la scoute basée à Londres, Rebecca Servadio.

Écosystème requis

L'éditeur a aussi évoqué le succès de la saga napolitaine L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante qui « montre à quel point la fiction traduite peut être importante aux États-Unis. »  Mais il se méfie aussi de cet « effet Bilbao », ou effet singulier d'un livre, en soulignant qu’il faut un écosystème de lecteurs, de libraires, de médias, d'intérêt, de flexibilité et d'éditeurs qui développent la solidité nécessaire pour « bien publier » ces livres. « Une fois que tous ces ingrédients sont réunis, tout fonctionne bien. Nous devons développer notre écosystème au sein de nous-mêmes, de notre communauté et de notre industrie, » dit-il.

Lisa Sharkey, qui s’est occupée pendant plusieurs années du développement créatif pour l'ensemble d’HarperCollins, dit avoir toujours voulu être éditrice de livres commerciaux. Elle était donc ravie quand Jonathan Burnham, président du groupe Harper, lui a proposé de créer sa propre marque. « Les gens veulent être apaisés, savoir comment rester optimistes face aux moments difficiles. Ils veulent lire les histoires des autres pour comprendre leur propre vie, et être inspirés. C'est un thème universel – vouloir connaître des histoires de la vie réelle. Lorsqu'ils terminent un livre, ils sont plus forts et disposent d'outils avec lesquelles faire face à la vie. »

Chasseuse d’histoires

Avant de travailler pour HarperCollins, Lisa Sharkey a été journaliste. Elle se voit comme chasseuse d’histoires. Parmi ses premiers titres publiés cette saison figurent deux ouvrages par des journalistes de la chaîne de télévision conservatrice Fox News. Trey Yingst, correspondant à Jérusalem, a écrit sur l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 ; et Emily Compagno explore de son côté le rôle durable que la foi a joué dans la vie des soldats américains en temps de guerre. Harper Influence publiera le second livre d’un autre journaliste de Fox News qui a perdu ses jambes pendant une attaque russe en Ukraine.

Ses titres à venir sont l’œuvre de personnalités « tellement connues qu'ils sont soumis à un embargo avant publication », précise Lisa Sharkey. Parmi eux figurent les mémoires d’un scientifique, d’une personnalité dans le domaine du sport et d’un journaliste du New York Times, ou encore un livre sur la dépendance à l'héroïne.

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