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Les éditeurs africains convergent à Sharjah

De gauche à droite, Agnès Debiage, Raphaël Thierry et Kadiatou Konaré de Cauris Livres - Photo Olivia Snaije

Les éditeurs africains convergent à Sharjah

Renforcer le paysage global de l'édition africaine, favoriser la croissance de l'industrie sur ce vaste continent, et développer les cessions de droits transfrontaliers est le rêve de nombreux éditeurs africains. Depuis plusieurs années, la conférence des éditeurs à Sharjah est devenue le lieu de rencontre pour ces éditeurs et acteurs dans le monde de l’édition.

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Par Olivia Snaije
Créé le 19.11.2024 à 11h25

C'était cette année la deuxième fois que l’agent littéraire Raphaël Thierry et Agnès Debiage, consultante spécialisée dans les écosystèmes et dynamiques du livre en Afrique emmenaient une délégation d’éditeurs francophones d’Afrique subsaharienne et de l’océan indien à Sharjah (Émirats arabes unis) pour « ouvrir des ponts » avec d’autres éditeurs, notamment d’Afrique anglophone. Cette année 55 éditeurs africains étaient présents, dont une trentaine d’éditeurs anglophones.

Le journaliste et auteur togolais Simon de Saint-Dzokotoe oeuvre pour la promotion de la lecture à travers son association Lire au Togo. Cette année il a organisé le premier Salon du livre jeunesse de Lomé (SALIJEL) avec l’aide de l’Institut français, l'Unesco et l’Agence française de développement. Simon de Saint-Dzokotoe s’est dit heureux que le Ghana, pays anglophone voisin du Togo soit présent au salon. « En tant que professionnels du livre, nous devons prendre à bras le corps cette barrière linguistique et la briser. »

Le Ghana, par exemple, entouré de pays francophones, vient d’adhérer à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et, inversement, le Togo s’est inscrit au Commonwealth (la fédération de territoires anciennement colonisés par la Grande Bretagne) en 2022.

Différentes zones linguistiques

À Sharjah, Simon de Saint-Dzokotoe a rencontré des éditeurs du Kenya, du Rwanda et du Cameroun mais regrette que les ressortissants de ces pays ne se lisent pas davantage entre eux. En mars 2025, il organisera un forum sur l’édition jeunesse en Afrique à Lomé où il proposera des rencontres B2B entre éditeurs. Il espère que les différentes zones linguistiques pourront travailler ensemble pour se céder des droits ou développer des coéditions.

Pour créer une diversité de production, les éditeurs d’audiolivres seront invités aussi comme Ama Dadson, fondatrice de AkooBooks Audio au Ghana, une plateforme de streaming numérique dédiée aux livres audios africains. Ama Dadson produit des audiolivres, surtout en anglais, mais ayant vécu quelques années en Côte d’Ivoire, elle en produit également en français. Ama Dadson souhaite créer un réseau de studios audio en Afrique, qui, idéalement, pourraient traverser ces barrières linguistiques.

Mutesi Gasana, Ubuntu Publishers (Rwanda) et Simon de Saint Dzokotoe, Salon du Livre de Jeunesse de Lomé
Mutesi Gasana, Ubuntu Publishers (Rwanda) et Simon de Saint Dzokotoe, Salon du Livre de Jeunesse de Lomé- Photo OLIVIA SNAIJE

Munyaradzi Gunduza, éditeur au Zimbabwe chez Secondary Book Press, a déclaré vouloir s’aventurer dans l’achat des droits pour des livres francophones, en commençant d’abord avec des livres venant de la République démocratique du Congo, pays francophone le plus proche du Zimbabwe.

« Il est certain que nous pouvons faire davantage en termes de coopération entre anglophones et francophones », confirme Sulaiman Adebowale, éditeur multilingue chez Amalion, au Sénégal. Il souligne l’importance des liens tissés entre éditeurs multilingues faisant partie de l’Alliance international de l’édition indépendante. Sulaiman Adebowale a déjà collaboré avec des éditeurs francophones au Maroc et au Togo pour qu’un livre ait une plus grande portée mais n’a pas encore acheté des cessions de droits à des éditeurs africains.

Défis semblables

Kadiatou Konaré de Cauris Livres au Mali, à Sharjah pour la première fois, se réjouit de la fluidité dans le contact. « Cela a décloisonné les choses pour moi. Au Mali on est dans notre monde et à Sharjah j’ai appris des termes nouveaux. C’est bien de renouveler son énergie. »

Elle faisait référence aux présentations sur les réseaux sociaux, ou sur l’IA, mais aussi aux rencontres avec d’autres éditeurs du continent qui découvrent souvent des défis semblables. Une table ronde organisée par Mercy Kirui, de eKitabu et Mvua Press au Kenya a révélé plusieurs problèmes importants, notamment le manque de librairies et de réseaux de distribution, la prédominance des éditeurs scolaires et le manque d’une politique nationale du livre de la part d'un grand nombre de gouvernements.

Les éditeurs présents à la table ronde - francophones, anglophones, lusophones ou arabophones - ont exprimé de manière unanime leur souhait de développer les cessions de droits transfrontalières. On signalera aussi le Réseau Africain des Manifestations Littéraires (RAMALI), qui s'est construit cette année au Mali et entend fédérer les initiatives vouées à l’essor du livre et de la littérature en Afrique, quelle que soit la langue.

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