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Dans une étude, l'EWC pointe le déséquilibre entre auteurs et éditeurs

En Europe, à peine un auteur de fiction sur deux perçoit une avance - Photo Jens P. Raak / Pixabay

Dans une étude, l'EWC pointe le déséquilibre entre auteurs et éditeurs

Revenus, à-valoir et place des agents littéraires : où en sont les auteurs dans leurs contrats d’édition ? À travers une étude regroupant 23 organisations de 19 pays, l’European Writers' Council a fait le point.

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Par Pauline Gabinari
Créé le 21.06.2024 à 17h26 ,
Mis à jour le 21.06.2024 à 21h54

Pour l’European Writers' Council, fédération regroupant 50 organisations européennes d’écrivains dont la Scam et la SGDL en France, le compte n’y est pas. De mars à juillet 2023, ce conseil européen des auteurs a surveillé la situation contractuelle de ses membres écrivant de la fiction dans l'Union européenne. Premier constat, les auteurs ne sont pas rémunérés pour leur temps de travail, leurs recherches, la qualité de leur travail ou le nombre de pages.

Seule l'exploitation de leurs oeuvres - vente, location, licence, autre utilisation - leur rapporte un revenu. Ce dernier varie entre 5 % et 8 % pour un livre de poche, 8 % et 10 % pour un livre relié, avec un prix fixe et 20 à 25 % pour un livre électronique. « La part des droits d'auteur n'a pas été augmentée depuis des décennies, comme si les 10 % étaient une valeur magique », alerte Nina George, la présidente du Conseil.

Des à-valoir qui varient énormément

Concernant les à-valoir, ils varient selon la taille des marchés, de taille de la maison d'édition et du genre de fiction qui est proposé à la publication. Les petites et moyennes maisons d'édition versent rarement plus qu'un montant à 3 ou 4 chiffres (500 à 5 000 euros), tandis que les grandes maisons d'édition peuvent aller jusqu’à 25 000 à 100 000 euros. Mais rares sont les auteurs qui parviennent à des sommes aussi élevées (12,5% des auteurs selon l’étude dans les cinq marchés les plus importants, Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Unis).

Par ailleurs, un auteur de fiction sur deux dans le secteur européen du livre ne reçoit pas d'avance. Une situation particulièrement préoccupante au regard des chiffres qu’ils génèrent dans le marché du livre en Europe. « Bien que les écrivains soient à l'origine des 23,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires de l'économie européenne du livre et de l'édition dans 29 pays et qu'un demi-million d'employés permanents et de sous-traitants vivent grâce à eux et leurs manuscrits, ils reçoivent le moins dans l'ensemble de la chaîne de valeur », peut-on lire dans l’étude.

Un dialogue qui semble rompu

Au-delà du paiement, l’un des éléments qui semble le plus inquiétant est l'absence de pacte entre organisations d’écrivains et organisations d’éditeurs. Selon l’étude, il n’y a pas d’accord dans 57 % des cas et quand accord il y a, ni auteurs, ni éditeurs ne semblent satisfaits. En Espagne par exemple, les auteurs sont dans l’impasse : « Cela fait un an que nous essayons de renégocier et de réviser l'accord que nous avons avec la principale organisation d'éditeurs de Catalogne mais nous n'y sommes toujours pas parvenus parce qu'ils ne sont pas du tout intéressés par la question », témoigne un membre.

Face à cette situation, certains pays comme l’Allemagne, la Suède, Chypre et le Royaume-Uni voient l’émergence d’agents littéraires qui s'impliquent dans la négociation de contrats d’édition. Une montée en puissance progressive de ces nouveaux acteurs qui changera peut être la donne dans les prochaines années.

L'intégralité de l'étude est consultable ici.

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