La campagne présidentielle s’accélère. Il reste trois mois aux candidates et candidats pour convaincre les électeurs. Leurs programmes se précisent. Les meetings s’organisent. Santé, sécurité, éducation, environnement… Les propositions affluent. Mais déjà, la culture et le livre passent au second plan. La culture est "la grande oubliée des débats et des programmes des candidates et des candidats", regrettent 114 artistes dans une tribune publiée le 20 janvier sur le site des Inrocks dans laquelle ils appellent à voter à la Primaire populaire. Pour autant, quelques propositions se nichent dans les programmes déjà rendus publics.
Budget
Considérant "la culture comme un vecteur d'émancipation et un antidote à l'obscurantisme", Jean-Luc Mélenchon, dont le programme L'avenir en commun a été publié au Seuil en novembre dernier, souhaite "porter le budget consacré à l'art, à la culture et à la création à 1% du produit intérieur brut (PIB) par an". Yannick Jadot, candidat d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), veut lui aussi accorder 1% du budget de l'Etat à la culture.
Concentration et indépendance
Alors que le rapprochement entre les groupes Vivendi et Lagardère, susceptible d'entraîner avec lui la fusion d'Editis et d'Hachette Livre, fait trembler le monde du livre, trois candidats prennent position en faveur de l'indépendance des acteurs de la chaîne. Yannick Jadot dénonce la "position dominante" de "véritables conglomérats" qui "font peser des risques sur la diversité éditoriale", peut-on lire dans son paragraphe "Répondre aux enjeux de l'édition et du livre". Le candidat EELV est d'ailleurs le seul à ce jour à proposer un focus sur le livre dans son programme. Il annonce aussi soutenir l'édition indépendante et encourager "l'indépendance des librairies face aux distributeurs" afin de garantir la diversité éditoriale.
De même, Jean Lassalle et son parti Résistons ! annoncent soutenir l'édition indépendante. Le candidat propose d'orienter "le financement public de la culture et des médias vers la création indépendante plutôt que vers des activités de grands groupes". Dans un programme en 70 points, la candidate du Parti socialiste Anne Hidalgo veut elle aussi lutter contre "l'uniformisation des contenus, de leurs expositions, et leurs financement, car l'uniformisation est la négation de la création et de la liberté artistique". Elle entend défendre "la liberté de la création et sa diffusion".
Auteurs
Dans son programme, Anne Hidalgo promet ainsi de préserver "l'indépendance des droits des artistes" et souhaite agir pour une "juste rémunération" de ces derniers. De son côté, Jean-Luc Mélenchon met en avant un sondage mené par Harris interactive en mai dernier selon lequel 76 % des Français sont favorables à "l'instauration d'un nouveau régime de protection sociale spécifique aux auteurs et autrices leur donnant des droits identiques à ceux des salariés". Pour Yannick Jadot, le budget alloué à la culture doit permettre "d’améliorer la sécurité économique de ses acteurs, en généralisant un contrat de commande pour la création d'œuvres reposant sur des modes d’incitation des institutions publiques ou des entreprises privées ; développer le régime de l’intermittence et créer un statut des auteurs ; mettre à disposition des lieux vacants pour la création".
Les autres mesures de Yannick Jadot pour le livre
Ecole
L'éducation se met au service de la culture pour Anne Hidalgo et Valérie Pécresse. La candidate socialiste veut faire de l'école un axe de sa politique culturelle : elle souhaite renforcer le dispositif Éducation artistique et culturelle (EAC). "Je donnerai accès à la culture à tous, par un programme majeur d'éducation artistique à l'école", peut-on lire dans son programme. Elle propose également la création d'un Erasmus culturel "pour permettre une plus grande circulation des jeunes artistes et étudiants en art en Europe". De son côté, la candidate des Républicains — qui cite Romain Gary en préambule de son programme culturel — mise sur l'école pour "donner l'accès et le goût de la culture à tous les enfants de France, dès leur plus jeune âge" en jumelant notamment "chaque école avec un établissement culturel de son territoire" et en incitant les structures culturelles soutenues par les pouvoirs publics à "développer des actions d'éducation artistique et culturelle auprès des jeunes".
Francophonie
Anne Hidalgo et Valérie Pécresse souhaitent aussi redynamiser la francophonie, tandis que Jean Lassalle veut rattacher la francophonie, actuellement placée sous l'égide du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, au ministère de la Culture. Il souhaite également ouvrir "de nouveaux centres culturels français à l'étranger".