Le rêve de Pierre. En 2016, la journaliste et écrivaine Brigitte Benkemoun héritait de ses parents, décédés à un mois d'intervalle, une extraordinaire villa située près d'Arles. Elle avait été construite au début des années 1970 par l'architecte Moïse Émile Sala, un ami de la famille et disciple de Le Corbusier, dans un style organique, pop, tout en béton, en courbes et, surtout, moderne. Le maître mot de Pierre Benkemoun, le père, dont cette maison était le rêve fou, en forme de revanche sociale. Pierre et sa femme étaient des Juifs pieds-noirs de Sidi Bel Abbès, d'origine modeste. Lui, autodidacte, était parvenu à devenir huissier de justice. Elle, prof de maths, s'était reconvertie institutrice après leur arrivée en France en 1962. La famille, avec ses trois enfants (Brigitte et ses frères), s'était d'abord établie aux Alyscamps dans un pavillon petit-bourgeois. Rapidement, les affaires de Pierre ont prospéré et il a pu faire construire, dans la plaine de la Crau, une maison d'architecte de 600 m² sur un terrain de cinq hectares. Une villa à la conception, à l'agencement et à la décoration de laquelle il a largement participé. Que de chemin parcouru, en douze ans ! Aujourd'hui, cinquante ans après, la maison restaurée et labellisée « Patrimoine du XX^e siècle » par le ministère de la Culture est devenue une fondation, un espace culturel, avec chambres d'hôtes. Brigitte Benkemoun en retrace la saga hors du commun. L'occasion, aussi, de raconter ses parents, son enfance, qui n'a pas été qu'heureuse. La maison paternelle renferme encore pas mal de secrets.