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Biélorussie : le PEN club dissous par le gouvernement

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Biélorussie : le PEN club dissous par le gouvernement

La branche biélorusse du PEN club a été dissoute lundi 9 août par la Cour suprême de Mink tandis que trois associations de journalistes, d'auteurs et de traducteurs ont lancé un appel à la solidarité. 

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Par Cécilia Lacour,
Créé le 10.08.2021 à 14h00

Un an après la réélection très controversée d'Alexandre Loukachenko, à la tête de la Biélorussie depuis 1994, PEN America a annoncé que la branche biélorusse de l'association a été dissoute, lundi 9 août, par la Cour suprême de Minsk. "Ce régime frauduleux a tellement peur des écrivains, est tellement effrayé par ceux qui osent parler, qu'il a concentré son énergie à essayer d'étouffer une organisation qui défend les livres, les histoires et le respect de l'écrit", s'est indignée dans un communiqué sa directrice générale Suzanne Nossel.

"Les écrivains de la Biélorussie ne seront pas réduits au silence et le PEN Belarus ne disparaîtra pas. Le PEN America sera présent pour porter sa voix et pour continuer à se battre jusqu'à ce que le PEN Belarus puisse rouvrir ses portes dans un pays libre. Maintenant, c'est à l'Union européenne, aux Etats-Unis, aux Nations unies et à tous ceux qui croient aux droits humains de se tenir aux côtés des penseurs et des activistes biélorusses en portant un même message : Trop, c'est trop !", a-t-elle ajouté. 

Solidarité

Dans le même temps, la Fédération européenne des journalistes (FEJ), le Conseil européen des associations de traducteurs littéraires (CEATL) et la Fédération des associations européennes d'écrivains (EWC) demandent aux professionnels de la presse et du livre, dans un communiqué commun publié lundi 9 août, de "continuer à donner une voix à ceux qui en sont privés en Biélorussie. N'arrêtez pas de faire des reportages sur la Biélorussie, d'imprimer des livres censurés, de défendre les bourses et les résidences locales. Notre engagement en faveur de la démocratie et des droits humains montre à ceux qui se battent pour la démocratie en Biélorussie que leur résistance et leur souffrance incommensurable en valent la peine". 

La réélection d'Alexandre Loukachenko pour un sixième mandat autoritaire à la présidence de la Biélorussie le 9 août 2020 a provoqué une mobilisation sans précédent de l'opposition. Ces manifestations ont été violemment réprimées par le gouvernement : plus de 3 000 cas de tortures ont été recensés en un an par l'ONG biélorusse de défense des droits humains Viasna.

Violation des droits humains

De son côté, le PEN Belarus a comptabilisé 621 cas de violation des droits humains à l'encontre de personnalités de la culture entre janvier et juin 2021. Au 30 juin dernier, 526 personnes ont été recensées comme prisonniers politiques, dont 39 professionnels de la culture. Parmi eux : l'homme politique et écrivain Paviel Sieviaryniec, l'avocat et poète Maksim Znak, le poète Ihnat Sidor?yk, l'universitaire et romancière Julija ?arnia?skaja ou encore la journaliste et autrice Kaciaryna Andrejeva.

Avant la dissolution de l'association, les locaux du PEN Belarus avait fait l'objet d'une perquisition le 14 juillet dernier, tout comme l'Union des écrivains biélorusses, l'Association des journalistes biélorusses et au moins une dizaine d'autres organisations non gouvernementales. Le gouvernement d'Alexandre Loukachenko a également retiré des programmes scolaires les œuvres de Svetlana Alexievich et d'Alexander Solzhenitsyn. Svetlana Alexievich, prix Nobel de littérature, avait par ailleurs exprimé ses craintes d'une éventuelle guerre civile en constatant la violence policière "inhumaine, satanique" et demandé le départ d'Alexandre Loukachenko il y a un an
 

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